jeudi 28 août 2008

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Voilà une histoire de plus terminée. Et avant de vous en proposer une autre j'ai envie de vous faire quelques révélations sur sa fabrication.

Je vous ai déjà dit qu'à l'origine il y avait une idée de mon petit-fils Arthur, alors âgé de douze ans. Arthur aimait les histoires que j'écrivais (celles qui composent "l'innocence", "la butte aux fées" , "Petite loutre boiteuse") mais aussi les histoires de vampires et, déjà (il n'a pas changé à cet égard et c'est tant mieux) détestait l'exclusion. Il me proposait donc d'en écrire une avec pour héros un fils de vampire gentil et inoffensif traqué par de méchants chasseurs de vampires qui utiliseraient un vaisseau chargé d'ail. A moi de me débrouiller. J'ai donc essayé d'intégrer cela dans mon propre univers d'histoires pour les enfants en tenant compte du fait que mes petits-enfants grandissaient. Il me fallait donc un narrateur témoin de l'histoire qui eût l'âge d'Arthur, des circonstances qui lui fassent rencontrer le gentil fils de vampire et une histoire qui lui donne vie.
Si le vampire n'était plus un buveur de sang, que lui restait-il de caractéristique ? L'allergie à l'ail, figure imposée par Arthur, et l'impossibilité d'affronter la lumière du soleil, qui constitue le symptôme caractéristique du xeroderma, "la maladie des enfants de la lune". Pour être, comme j'aime, à la frontière du réel et du fantastique, on pouvait jouer sur cette similitude. Elle tirait l'histoire de vampire vers une représentation symbolique de l'exclusion, ce que de toute évidence elle était dès l'origine pour Arthur.
Une histoire d'amour adolescente entre ce personnage et la soeur du narrateur m'a paru constituer un bon fil rouge pour entrer dans l'intimité du personnage. Et puisqu'on en était à s'occuper d'exclusion, pourquoi, abandonnant le schéma traditionnel de la belle héroïne, ne pas donner à cette adolescente le physique ingrat dont souffrent beaucoup d'adolescentes ? Le reste s'est mis en place tout seul, à mesure du besoin que j'avais d'éléments concrets et plausibles pour incarner tout cela. Car la cohérence interne du récit et la vraisemblance des détails sont mes soucis constants quand j'écris.

Tout le reste ? Non. Au départ le naturisme n'avait aucune place dans cette histoire. Jusqu'à ce que ma réflexion sur naturisme, pudeur et adolescence me conduise à trouver cette place évidente.

Etre nu dans la nature est une merveilleuse liberté du corps. Il m'a donc paru évident que, lorsque la nuit permet enfin à Ily d'exposer sa peau à l'air libre, il ait envie de l'y exposer tout entière. Rien ne s'y oppose, le seul regard auquel il est soumis étant celui de sa mère, avec qui son intimité n'a jamais été interrompue. Etre nu devant l'autre, ou les autres, c'est aussi accepter d'être vu, c'est-à-dire manifester son respect à son propre corps en l'acceptant sans réserve et faire confiance à l'autre pour l'accepter avec le même respect. (Naturellement on ne peut hélas pas faire confiance à n'importe qui pour cela.) Ily a dû très tôt apprendre à accepter son infirmité. Il l'a appris dans le regard de sa mère, en qui sa confiance à cet égard est donc totale, et il fera la même confiance à Isy et Had puisque ces deux-là sont venus lui apporter respect et amitié.

Réciproquement, Isy qui avec l'adolescence a cessé d'accepter son corps, va réapprendre à l'accepter parce qu'elle reçoit comme une leçon la façon dont Ily accepte le sien, et parce que le regard qu'il porte sur elle lui rend un peu de confiance. Et aussi parce que l'amour lui fait éprouver un besoin de transparence, de totale sincérité, celle dont, je crois, rêvent toutes les amours naissantes, et que le naturisme répond aussi à ce besoin. C'est en tout cas ainsi que je le ressens. J'ai donc intégré le naturisme à cette histoire en me demandant comment j'avais pu ne pas voir immédiatement à quel point il lui était essentiel.

Voilà. Un peu long mon commentaire ? Ce blog fait partie de ma démarche naturiste : pas d'exhibitionnisme, mais un besoin de transparence. J'éprouve donc le besoin de dire comment j'écris, tout simplement. Parce que, tout en sachant que c'est utopique, je ne peux pas m'empêcher de rêver à un monde où toute vérité serait bonne à dire.

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