dimanche 5 avril 2015

Encore un coup de gueule





            Dans sa dernière livraison de « on n’est pas couché » (samedi 4 avril), Ruquier assurait la promotion d’un livre à priori surprenant censé exploiter le thème de « la théorie du genre » en racontant l’histoire d’un enfant nommé Dominique (parce que ce prénom ne donne aucune indication de sexe)  dont les parents ont décidé, pour le soustraire à tout conditionnement social sur ce point, qu’il ignorerait le sien.

            Je crois sans peine que rendre lisible une histoire aussi absurde et invraisemblable relève du tour de force et je salue donc à tout hasard le talent d’écriture de Madame Cookie Allez qui en a conçu et réalisé le projet. A  tout hasard car je n’ai aucune intention d’aller le vérifier.

            D’abord parce que, talent ou pas, on ne me fera pas croire une seconde que des parents pourraient concevoir un projet aussi criminellement absurde, et à fortiori le réaliser : pour éviter à un enfant tout conditionnement social susceptible de lui révéler l’existence de deux sexes différenciés, il faudrait en effet le confiner dans une réclusion de toute évidence monstrueuse. Madame Allez invente donc tout bonnement, pour pouvoir dire (avec humour paraît-il !) qu’elle la condamne, une monstruosité parfaitement invraisemblable.
 D’autant plus invraisemblable qu’en fait, comme Caron a tenté de le faire entendre, « la théorie du genre », qui serait responsable de cet horrible dévoiement chez des parents de bonne volonté, n’existe pas. Les études sur le genre n’ont jamais prétendu que l’identité sexuelle dépendait uniquement du conditionnement social, une idée évidemment stupide à laquelle personne n’imaginerait croire, mais seulement que ce conditionnement existe, et qu’il exploite les différences naturelles et visiblement indéniables entre les sexes pour imposer des stéréotypes différenciés, concernant les comportements attendus et les accomplissements souhaités, qui, ici et maintenant encore, maintiennent la gent féminine en situation d’infériorité. Ce que, naturellement, personne ne souhaite, pas même Madame Allez, vous pouvez l'en croire puisqu'elle le dit.
Et je voudrais donc pouvoir conclure que l’incident est clos et qu’il n’y avait pas là de quoi fouetter un chat.
Sauf que renvoyer aux oubliettes des scandales médiatiques cette prétendue « théorie », Caron l’a tenté, mais Salamé avait une bonne raison de croire, elle, à son existence, et c’est qu’on s’était étripé à son sujet sur son plateau. Imparable, non ? Sauf que Ruquier, qu’on a vu mieux inspiré, salue à nouveau en conclusion la « bonne idée » que personne n’avait encore eue d’écrire une histoire sur ce thème.

            Alors pourquoi ce coup de gueule ? Parce que, en inventant cette fable, Madame Allez prend le relais des esprits paranoïaques ou mal intentionnés qui ont monté de toutes pièces le mythe de cette prétendue théorie à seule fin de créer des peurs chez des parents naïfs, en accusant le gouvernement socialiste de vouloir l’imposer à tous les enfants. Parce que ce mensonge éhonté (et non la prétendue théorie qui n’existe pas !) a en effet abusé des parents de bonne foi et suscité des protestations et des désordres dont on sait bien à qui ils profitent. Parce que, en faisant la promotion de ce livre, c’est à ces gens-là que Ruquier rend un immense service… qu’on n’attendait pas de lui !

mercredi 11 février 2015

"L'enfant du péché" est de retour

 

On le croyait mort-né après la faillite de Kirographaires et le revoici chez Chapitre. com.  dans une nouvelle édition, d'une présentation plus agréable , au choix en version papier ou numérique. 

Pour commander voyez : jepubliemonlivre.chapitre.com

Qu'en pensez-vous ?

vendredi 14 juin 2013

Chose vue.

 Sur la plage mercredi, à quelques mètres de moi...
La plage de Cagnes, c'est, entre promenade et mer, une bande de galets et sable mélangés, entrecoupée d'épis d'enrochements, destinés à empêcher les courants de l'emporter. A quelques mètres de moi, donc, près d'un de ces épis, trois enfants jouent dans les petites vagues sous l’œil d'une dame blonde, leur grand-mère sans doute, que j'aperçois à peine sous son parasol, quelques mètres plus haut. Deux garçons de six ou sept ans et un petit bout de fille de peut-être quatre. A un moment, la petite fille qui ne portait qu'une culotte de maillot s'en débarrasse, peut-être pour faire pipi, la jetant d'abord sur les rochers puis, sans doute à la demande de la grand- mère, que je n'entends pas, la ramasse pour la lui porter. Puis elle retourne, toute nue, jouer avec les garçons. Ce n'est que quelques minutes plus tard qu'ils s'en avisent. Ils crient d'abord – ça, j'entends, parce qu'ils crient ! - "Elle est toute nue ! Elle est toute nue !", tournés vers leur grand-mère qu'ils semblent prendre à témoin de l'anomalie, tandis qu'ils éclaboussent la petite. De la réaction de la dame je n'entends que "Laissez-la tranquille !" Les garçons semblent vaguement perplexes puis le plus grand des deux demande : "On peut être tout nus nous aussi ?". Je n'entends toujours pas la réponse mais, après l'avoir reçue, il se retourne vers l'autre garçon pour le consulter. Après quoi tous deux ôtent leurs maillots et vont les poser près de la grand- mère en dansant et en criant, je vous jure que je n'invente rien, "On est tout nus ! On est tout nus ! On est libres !"
Puis les trois enfants sont retournés jouer dans les vagues. Plusieurs personnes sont passées près d'eux mais aucune n'a manifesté le moindre étonnement. Normal, me direz-vous : des enfants de cet âge ! Normal, c'est bien mon avis, mais c'est hélas la première fois que j'assiste à une scène de ce genre sur la plage de Cagnes...
Javais envie de féliciter la dame, mais j'ai craint qu'elle le prenne mal.

Voilà un sujet - la nudité des enfants - qui revient souvent dans mes écrits. Serait-ce chez moi une obsession ?
L'obsession du bonheur des enfants,  j'assume. Or je suis très profondément convaincu qu'habituer les enfants au tabou de la nudité c'est perturber irrémédiablement leur rapport à leur propre corps en donnant prématurément à ses parties sexuelles une importance que, à leur âge, elles n'ont aucune autre raison d'avoir à leurs yeux et, plus grave encore, en les rendant indissociables d'un sentiment de culpabilité qui risque de lier plus tard pour eux érotisme et perversité. 
Dans l'adolescence, la transformation brutale de ces parties du corps perturbera naturellement la perception qu'ils en auront, créant le plus souvent chez eux, même s'ils ont reçu une éducation naturiste, des réflexes spontanés de pudeur dans lesquels, du reste, le conformisme imposé par le groupe des camarades est également pour beaucoup. Puis, la crise passée, ils choisiront leurs pudeurs. Mais pour qu'un jour ils puissent faire ce choix en toute liberté, je veux dire sans subir ni le poids des refoulements ni celui des révoltes, par pitié, respectez la liberté naturelle de leur enfance !


mercredi 1 mai 2013

Pas mort-né mais presque !

On y croyait, les premières critiques étaient bonnes et puis... L'éditeur est en faillite et ce n'est pas notre faute.
Il nous reste à en chercher un autre. Nous voulons y croire encore, Pascal et moi !


Un appel à tous ceux qui liront ce blog... et qui ont lu le livre, évidemment. Si vous pensez qu'il le mérite, envoyez-nous vos critiques : on ne sait jamais, elles pourront peut-être nous être utiles pour en trouver un !

lundi 22 avril 2013

Vanité !

"L'enfant du péché" encore.
J'ai répondu l'autre jour ici à un point particulier d'une critique reçue par Pascal Fiévet. Et je me dis qu'après tout j'ai bien le droit de me pavaner et de regarder tranquillement mes chevilles enfler quand je lis celle-ci sur le forum "Vivrenu".



Notre ami Guy Barbey a fait paraître récemment son roman "L'enfant du péché" (d'après un canevas de Pascal Fiévet) et la revue Naturisme Magazine lui a consacré une chronique .
Comme je m'empêche difficilement d'insérer une clownerie dans mes interventions, je dirai que j'ai pensé à la publicité pour une production d'une célèbre marque de moutarde, qualifiée de "fine et forte" !

Ainsi ai-je ressenti ce roman : Fin et fort .
Une forme puriste, presque classique, sans les outrances de style pseudo-moderne, donne une lecture agréable, aux phrases claires, souvent courtes et nerveuses .
L'histoire de ces deux adolescents, rapprochés par les hasards de la recomposition des familles, confrontés à leur différence d'âge - Mais ici, particularité, la fille est plus agée que le garçon ! - est décrite avec une grande justesse de ton . L'évolution de leurs sentiments autant que leurs dialogues sont traités finement, de façon pertinente et profonde . Pourront s'y reconnaître tous ceux qui acceptent de savoir puiser dans leurs souvenirs !

Finesse qui n'interdit pas la puissance émotionnelle d'une histoire pleine de meurtrissures, où les "bons sentiments" ont certes leur place, mais face à la veulerie, la bassesse et finalement au drame de la maladie lourde .

Que dire de plus sans trop révéler du récit sinon envoyer plein de aux auteurs et une chaleureuse recommandation de lecture aux lecteurs potentiels ! . Je crois que, comme moi, après avoir commencé leur lecture, ils ne la lâcheront que dernière page tournée ! 

En espérant des choses aussi aimables dans des médias à forte audience !

vendredi 12 avril 2013

Stéréotypes

Une information du JT de France 2, hier soir, rend toute son actualité à mon billet d'humeur d'avant-hier. Il s'agit de l'accompagnement des enfants de maternelle dans les vestiaires de la piscine, mixtes à leur âge. On sait que les enseignants n'y suffisent pas et que l'aide de parents est généralement bienvenue.
Le papa d'une petite fille participait donc à cet accompagnement. La maman d'une autre s'en émeut :  qu'est-ce qui garantit que ce monsieur n'est pas un pédophile ? Pas de papa dans les vestiaires où des petites filles se déshabillent !  - Pas de papa ? s'insurge le monsieur. Et pourquoi des mamans alors ? C'est une discrimination illégale ! - Il est vrai, admet le maire. Donc, pas de maman non plus désormais ! On y enverra des agents municipaux.
Mais qu'est-ce qui garantit que les agents municipaux, de l'un ou l'autre sexe, ne sont pas pédophiles ? Rien évidemment ! La solution serait donc, dit une maman, des vestiaires séparés pour les garçons et  les filles.
A-t-on pensé que les pédophiles ne sont pas forcément attirés seulement par les enfants de sexe opposé ? Apparemment non. La séparation des sexes ne règle donc en aucune façon le problème soulevé par la maman soupçonneuse ! Sauf si son vrai problème est qu'elle ne supporte pas l'idée que sa petite fille de cinq ans puisse être vue toute nue par un homme... et probablement aussi par des petits garçons de cinq ans !
Ordinairement, pour l’Éducation Nationale, malgré la mixité des classes la  séparation - donc la sexualisation - des enfants à la piscine ou aux toilettes commence à six ans. Jusque là, si leurs parents ne les ont pas empoisonnés par leurs fantasmes, les enfants se changent ou vont faire pipi ensemble sans aucun problème. Alors que la ministre des droits des femmes et la sénatrice Jouanneau dénoncent ensemble la sexualisation trop précoce des enfants, va-t-on, pour se soumettre aux fantasmes de quelques esprits malsains, en avancer l'âge à deux ou trois ans ?

mercredi 10 avril 2013

A propos de "lenfant du péché"



Pascal Fiévet m'a transmis une critique reçue d'Henri Heinemann, écrivain picard et ex-pigiste âgé de 92 ans.
Il va de soi que la critique est libre et que chacun peut apprécier selon ses goûts notre roman. Celle-ci était globalement positive mais à une réserve près, faite après un résumé factuel de l'histoire: "Reprochons toutefois à l’auteur la place qu’il donne à la nudité. On eût pu se dispenser de la monter en épingle".
Et à cette réserve-là je voudrais répondre car elle dénote une totale incompréhension de ce qui, courant au-dessous des faits les plus spectaculaires, en constitue la trame profonde... Une réponse que vous ne pourrez évidemment pas comprendre si vous n'avez pas encore lu le roman !



La nudité, c'est le domaine réservé que, du vivant de sa mère, Jérôme partageait, sans son père, avec elle et ses amis naturistes. Chaque pas que fait Martine pour accepter d'y entrer a donc pour lui une importance sans commune mesure avec d'autres gestes amicaux. Il y fallait une progression, qui commence par la baignoire et s'accomplit à Berthemont. Sans une certaine habitude de cette intimité-là, la scène où Martine réchauffe Jérôme contre elle, étape importante dans la transformation inconsciente de ses sentiments, à elle, ne serait pas possible. Plus tard ce sont les les antécédents naturistes de Caroline qui rendent plausible sa réaction face à la nudité de Jérôme bizuté. Enfin la journée naturiste organisée par Martine à Quend avec elle et son frère à la fin du roman boucle la boucle : Martine est définitivement entrée dans le domaine réservé et elle  y a décidément pris en tant qu'amante la place qu'occupait la mère, permettant ainsi à Jérôme de sortir de l'enfance. En profondeur, le partage de de la nudité est donc LE ressort essentiel de cette histoire d'amour. 

Pouvait-on raconter la même histoire sans ce ressort ? Il aurait fallu en trouver un autre qui n'aurait peut-être pas été aussi fécond. Car ce que la nudité partagée apporte symboliquement d'emblée entre Martine et Jérôme, comme, dans son souvenir, entre lui et sa mère, c'est l'évidence, fût-elle illusoire, de pouvoir s'offrir réciproquement une confiance sans réserve :"n'avoir rien à se cacher". C'est sur cette évidence que se construit leur relation, dans laquelle eux-mêmes se construisent. Sans elle ce seraient donc des personnages différents, vivant dès lors une histoire différente, à laquelle j'aurais, personnellement, plus de mal à croire.