Dans sa dernière livraison
de « on n’est pas couché » (samedi 4 avril), Ruquier assurait la promotion d’un livre
à priori surprenant censé exploiter le thème de « la théorie du genre »
en racontant l’histoire d’un enfant nommé Dominique (parce que ce prénom ne
donne aucune indication de sexe) dont
les parents ont décidé, pour le soustraire à tout conditionnement social sur ce
point, qu’il ignorerait le sien.
Je crois sans peine que
rendre lisible une histoire aussi absurde et invraisemblable relève du tour de
force et je salue donc à tout hasard le talent d’écriture de Madame Cookie
Allez qui en a conçu et réalisé le projet. A
tout hasard car je n’ai aucune intention d’aller le vérifier.
D’abord parce que, talent
ou pas, on ne me fera pas croire une seconde que des parents pourraient
concevoir un projet aussi criminellement absurde, et à fortiori le réaliser :
pour éviter à un enfant tout conditionnement social susceptible de lui révéler
l’existence de deux sexes différenciés, il faudrait en effet le confiner dans
une réclusion de toute évidence monstrueuse. Madame Allez invente donc tout bonnement,
pour pouvoir dire (avec humour paraît-il !) qu’elle la condamne, une
monstruosité parfaitement invraisemblable.
D’autant
plus invraisemblable qu’en fait, comme Caron a tenté de le faire entendre, « la
théorie du genre », qui serait responsable de cet horrible dévoiement
chez des parents de bonne volonté, n’existe pas. Les études sur le genre n’ont
jamais prétendu que l’identité sexuelle dépendait uniquement du conditionnement social, une idée évidemment
stupide à laquelle personne n’imaginerait croire, mais seulement que ce
conditionnement existe, et qu’il exploite les différences naturelles et
visiblement indéniables entre les sexes pour imposer des stéréotypes différenciés,
concernant les comportements attendus et les accomplissements souhaités, qui, ici
et maintenant encore, maintiennent la gent féminine en situation d’infériorité.
Ce que, naturellement, personne ne souhaite, pas même Madame Allez, vous pouvez l'en croire puisqu'elle le dit.
Et je voudrais donc pouvoir conclure que l’incident
est clos et qu’il n’y avait pas là de quoi fouetter un chat.
Sauf que renvoyer aux oubliettes des scandales
médiatiques cette prétendue « théorie », Caron l’a tenté, mais Salamé
avait une bonne raison de croire, elle, à son existence,
et c’est qu’on s’était étripé à son sujet sur son plateau. Imparable, non ?
Sauf que Ruquier, qu’on a vu mieux inspiré, salue à nouveau en conclusion la « bonne
idée » que personne n’avait encore eue d’écrire une histoire sur ce thème.
Alors pourquoi ce coup de
gueule ? Parce que, en inventant cette fable, Madame Allez prend le relais
des esprits paranoïaques ou mal intentionnés qui ont monté de toutes pièces le
mythe de cette prétendue théorie à seule fin de créer des peurs chez des
parents naïfs, en accusant le gouvernement socialiste de vouloir l’imposer à
tous les enfants. Parce que ce mensonge éhonté (et non la prétendue théorie qui
n’existe pas !) a en effet abusé des parents de bonne foi et suscité des
protestations et des désordres dont on sait bien à qui ils profitent. Parce
que, en faisant la promotion de ce livre, c’est à ces gens-là que Ruquier rend
un immense service… qu’on n’attendait pas de lui !
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