lundi 11 août 2008

Libération 2

Puis, toute la soirée, elles sont très gentilles avec moi, comme si de rien n'était. Je m'efforce de ne rien montrer non plus mais une bonne partie de la nuit, je retourne tout ça dans ma tête. Elles m'ont humilié, ridiculisé. On peut toujours trouver moyen de se venger, mais ça ne me donnerait pas le beau rôle. Si je ne trouve pas quelque chose pour restaurer ma dignité les vacances vont être horribles. Enfin j'ai une idée. Ça va être dur, mais si j'y arrive, là c'est elles qui vont rester bêtes. Il est deux heures du matin. Je peux enfin m'endormir.

Je me réveille le dernier. Mamie est à la cuisine. Je vais lui faire une bise.

- Tu as de quoi déjeuner sur la table du jardin. Les filles y sont. Cherche pas Papy, il est parti faire des courses.

Je passe par la buanderie pour me mettre en maillot et je rejoins mes cousines. Elles sont déjà allongées au soleil, sauf Stéphanie qui est assise à côté d'elles.

- Voilà Benji ! lance-t-elle dès qu'elle m'aperçoit.

Les grandes se retournent prestement sur le ventre. Leurs dos sont nus. Sûrement elles se faisaient bronzer la poitrine et elles avaient chargé la petite de faire le guet. Je n'ai rien eu le temps de voir.

- Jour Benji ! Bien dormi ? demande Séverine en tournant à peine la tête.

Et je ne sais pas si c'est par gentillesse ou si elle se moque.

- Jour !

J'ai répondu sèchement.

- Bonjour Benjamin ! dit Stéphie gentiment en se levant pour venir me faire une bise.

Elle, c'est carrément toute nue qu'elle était en attendant que j'arrive. Elle a ramassé son petit slip et le garde à la main, pas pressée de le remettre. Elle a droit à une grosse paire de bisous.

- Bonjour ma puce !

- Tu viens nous tartiner le dos ? enchaîne Sophie sans bouger.

C'est l'occasion de mettre les choses au point :

- Hé ! Je suis pas votre boy !

- Ça va ! reprend Séverine. Détends-toi ! D'accord on a été un peu vaches mais tu vas pas nous faire la gueule toute les vacances parce qu'on a vu ton zizi ! Avant tu faisais pas tant d'histoires !

- Ben vous non plus je te ferai remarquer ! Puis d'abord c'est même pas pour ça que je vous en veux. C'est parce que vous m'avez pris en traître, par surprise, à trois contre un !


Il n'y a que Stéphie qui regarde vers moi et elle, non, elle ce n'est pas un problème. Les autres, je suis derrière elles. Elles n'auront même pas le temps de me voir. C'est le moment rêvé pour ma revanche. J'enchaîne :

- Sinon, je m'en fous que vous me voyiez tout nu si vous voulez savoir. Tiens, la preuve …

Aussi calmement que je peux, j'abandonne mon bermuda sur le bord – tout au bord, pour pouvoir le remettre sans sortir de l'eau - et je plonge tout nu dans la piscine où j'entreprends un aller-retour majestueux dans mon plus beau crawl. Là j'ai fait fort ! Ça fait du bien d'avoir retrouvé sa dignité. Et je ne sais pas si c'est pour ça, mais je n'ai jamais pris autant de plaisir à nager.

Pendant que je savoure mon coup d'éclat, ma petite copine Stéphie annonce en battant des mains aux grandes, qui en effet n'ont rien vu :

- Il se baigne tout nu, les filles, il se baigne tout nu !

Et lâchant le mini slip qu'elle s'apprêtait à remettre, elle court vers ses sœurs qui, étonnées, se sont appuyées sur les coudes pour regarder vers moi, me laissant apercevoir leurs seins. Je m'accoude à mon tour sur la margelle, ravi de l'aubaine et triomphant.

- Allez, les filles, venez ! insiste la petite. On a plus besoin des maillots puisque Benji se baigne tout nu !

Je rigole !

- Tu parles ! Elles sont pas cap !

Elles se regardent en souriant puis, ensemble, elles se lèvent sans remettre leurs soutiens-gorge et viennent vers moi. Les seins de Séverine, deux jolies poires haut perchées, ceux de Sophie, ronds et superbes, ceux de Sonia, moins petits que je n'aurais cru et tout pointus : je suis ébloui.

Stéphie a sauté dans la piscine.

- Allez ! Comme d'habitude ! Toutes nues ! Vous allez pas vous dégonfler !

Elles ont plongé d'abord mais, une fois dans l'eau, Séverine la première, puis Sophie, puis Sonia ôtent leurs slips.

Nous voilà tous tout nus mais à vrai dire dans l'eau on ne voit pas grand-chose. Ni elles ni moi. On peut nager comme d'habitude sans faire semblant de rien. C'est agréable de sentir l'eau glisser sur tout le corps. Je sens bien que je n'ai pas mon bermuda et c'est drôle, à la fois j'ai l'impression qu'il me manque quelque chose et que je suis complètement libre. Les filles ont l'air d'être à l'aise. Aïe, elles convergent vers moi ! Ça va être ma fête ! Cédant à mon réflexe habituel, je sors de l'eau pour leur échapper. Et là, à cet instant, j'ai complètement oublié que j'étais tout nu. Séverine me poursuit, Sonia et Stéphie la suivent pour l'aider tandis que Sophie nous regarde en riant. On joue comme d'habitude. Exactement comme d'habitude sauf qu'on est tout nus et que ça ne change rien. Je suis juste bien. Je ne me souviens pas de m'être senti aussi léger. Les filles aussi sans doute car personne ne semble songer à remettre quoi que ce soit. Je leur ai encore échappé en plongeant. Elles sont debout sur le bord, nues dans le soleil, sans rien qui coupe leurs silhouettes. Qu'est-ce qu'elles sont belles ! Au fait, Stéphanie n'est pas la seule à être bronzée de partout !

- Stéphie a dit :"Comme d'habitude". Vous vous baignez toujours comme ça ?

- Ben, entre sœurs on a jamais été gênées bien sûr, mais … répond Séverine en s'asseyant sur la margelle. En fait on a commencé il y a quatre ans, la deuxième année que tu n'étais pas venu. Sauf Stéphie : elle on avait encore jamais pu lui faire mettre un maillot. Mais nous on était habituées avec. Puis un jour où on était au bord de la piscine en chemise de nuit Sophie a poussé Sonia pour la taquiner, moi j'ai poussé Sophie pour prendre sa défense et …

- Nager avec un grand tee-shirt, c'est vraiment pas commode, enchaîne Sonia qui s'est assise à son tour. Ça remonte, ça s'entortille, alors on les a enlevés et comme on n'avait pas prévu les maillots on a continué à nager toutes nues.

- Du coup j'ai fait comme elles, reprend Séverine. Et puis, comme on trouvait ça vachement agréable, on a demandé à Mamie si on était vraiment obligées de mettre les maillots et elle a dit qu'on faisait comme on voulait. Ça fait qu'on a commencé par rester toutes nues pour se baigner, et puis après, peu à peu, toute la journée. Comme personne peut nous voir de dehors …

- Au départ j'osais pas trop devant Papy, dit Sophie. Mais j'ai tout de suite vu qu'il me regardait pareil que quand j'avais six ans, alors … Depuis, ici, d'habitude dès qu'il fait assez chaud on reste toujours toute nues. Seulement quand il nous a annoncé que cette année tu venais il nous a dit en riant :"Fini la liberté, les filles, il va falloir mettre des maillots !"

- Moi j'ai dit : "Pourquoi ? Il peut pas faire comme nous ?" intervient Stéphanie. Et il a répondu :"Tu sais, en général les garçons de quatorze ans aiment pas qu'on voie leur zizi."

- Et pour être franches, nous non plus on avait pas envie de se montrer toutes nues à un garçon, avoue Sonia.

- Moi je m'en fichais, corrige la petite, mais fallait bien faire comme tout le monde.

- Ça, j'avais remarqué que tu t'en fichais, dis-je en souriant. Et en fait c'est toi qui avais raison ma puce ! C'est bête de se cacher.

- Alors on peut rester tout nus tout le temps maintenant ! jubile-t-elle.


Tout le temps ? J'hésite encore un peu.

- Vous croyez que les grands parents seraient d'accord ?

- Eux ? Attends ! dit Séverine. Quand on a parlé de ça, le jour où ils nous ont annoncé que tu venais, ils nous ont dit que ça se faisait chez les naturistes et qu'en fait, que des ados se voient tout nus en groupe, sans se cacher, ça pouvait pas leur faire de mal.

- Papy a même dit qu'ils y penseraient un peu moins ! ajoute Sophie en riant.

- Alors je lui ai demandé : "Vous êtes naturistes, vous ?" reprend Séverine. Et Mamie a dit qu'ils l'avaient été quand ils étaient plus jeunes mais que depuis qu'ils avaient leur piscine ils n'éprouvaient plus le besoin d'aller dans des centres. Que Maman et ton père avaient été élevés comme ça, mais qu'eux aussi ils avaient arrêté parce que Papa et ta mère, non. Et Papa qui était là a dit que lui ça ne lui disait rien mais qu'il reconnaissait que peut-être pour les jeunes ce n'était pas mal. Alors tu vois, de ce côté, pas de problème !


Du coup ça me revient que l'autre jour, en me voyant sortir de la salle de bain avec une serviette autour des reins, Papa disait : "Qu'est-ce qu'il est coincé, ce gamin ! J'espère que ses cousines vont le dégourdir !" Et Maman avait répondu : "Ça, n'y compte pas trop ! C'est dur à leur âge, tu sais, si on n'a pas été élevé comme ça !" Donc, ils ne devraient pas être contre, eux non plus. Je le dis aux filles.

- Alors c'est décidé ? s'impatiente Stéphie. On met plus les maillots ?

- Écoute, propose Sophie, on décide qu'on fait comme on veut quand on veut et on verra bien.

- Pour moi, c'est tout vu conclut la petite.

- Tu es sûre ? J'aurais jamais cru ! la taquine Sonia.


- Ah ça y est ? Vous avez déjà abandonné vos complexes ? dit en nous apercevant Papy qui remonte du garage les bras chargés de paquets.

- C'est comme ça que tu appelles les maillots ? plaisante Mamie qui est venue au devant de lui pour l'aider.

- Il y a encore deux gros sacs dans le coffre, dit Papy. Qui va les chercher ?

- On y va ! répond Séverine en se levant. Tu viens Benji ?


Et nous voilà partis vers le garage, elle et moi, tout nus, main dans la main. Je me sens merveilleusement bien.


Et je pense aux copains : jamais ils ne pourraient imaginer ça. Et dire qu'hier encore j'étais comme eux

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