mercredi 17 décembre 2008

OGMET 10 (fin)



Dans la partie "pour être ensemble", des canapés couverts de mousse les attendent, devant un petit bassin peu profond et face à une paroi faisant écran, comme dans la chambre.


- Est-ce que vos parents acceptent que nous fassions un prélèvement d'ADN ? demande Gali. Cela nous intéresserait de savoir si votre ADN est semblable à celui de nos primitifs.


- Papa a dit "pas de problème", répond Morgane.


Le prélèvement effectué, on s'installe sur les canapés.


- Nous avons décidé de commencer par la légende de l'origine, dit Rokou. Nous ne croyons pas qu'elle soit vraie, mais certains sur notre planète le croient et ce qui est certain c'est qu'elle a eu une grande influence sur notre civilisation. Vous allez voir des images qui ont été créées pour la représenter et nous vous donnerons la traduction du commentaire dans votre langue. D'abord voici à quoi devait ressembler notre planète avant qu'il y ait des hommes. Je dis "hommes" pour parler de nous puisque nous nous ressemblons. Je pense que ce sera plus facile à comprendre pour vous.


Sur la paroi apparaissent des paysages de forêts, de plages et de lagunes.


- Ça ressemble vraiment à la Terre, remarque Morgane.


- Avant qu'il y ait des hommes, commence Rokou, la puissance de la mer avait peuplé la vaste mer qui recouvre Pokan de ses créatures et le serpent céleste de Blak, c'est-à-dire la lumière du soleil, avait peuplé la terre ferme de Pokan des siennes. Puis il leur arriva de s'amuser à modifier leurs créatures pour qu'il y en ait dans la mer qui ressemblent un peu à celles de la terre ferme et qu'il y en ait sur la terre ferme qui ressemblent un peu à celles de la mer. C'est ainsi qu'il y eut sur la terre ferme des reptiles dont le corps est couvert d'écailles comme celui des poissons et dans la mer des hippocampes, des dauphins et des sirènes.


Et Gali continue, tandis que les images continuent à se succéder sur la paroi :


- Un jour qu'une sirène s'était endormie sur un banc de sable au fond d'une lagune peu profonde, le serpent céleste but presque toute l'eau de la lagune, si bien que quand la sirène se réveilla le banc de sable était hors de l'eau. Le serpent céleste la trouva belle et il lui dit : "J'aime te voir. Si tu veux bien vivre sur la terre ferme je te donnerai des jambes pour que tu puisses y marcher et en plus, le pouvoir de parler que je te donne pour que tu me répondes, je te permettrai de le garder." La sirène lui répondit : "Je veux bien avoir des jambes pour marcher mais je veux pouvoir aussi nager dans la mer. Et que ferai-je de la parole quand je t'aurai répondu si je n'ai pas de compagne ?" Alors le serpent céleste lui donna des jambes pour marcher et lui dit de s'approcher de l'eau et de regarder. Et la sirène s'approcha de l'eau et y vit son image, et son image lui plut. Alors le serpent céleste lui dit : "Je te la donnerai pour compagne et vous ne vous appellerez plus sirènes mais femmes." Et l'image sortit de l'eau et les deux femmes commencèrent à jouer ensemble en se parlant. Et le serpent céleste aimait à les regarder jouer car il les trouvait belles. Elles se donnèrent des noms : la première femme se nomma Gali et son image se nomma Lou.


- Comme toi et moi ! s'exclame Lou.


- Oui, dit Gali. Beaucoup de filles s'appellent ainsi, parce que nous aimons bien cette légende, même si nous n'y croyons pas..


Et Rokou reprend à son tour


- Plus tard, le serpent céleste dit : "Je veux que vous donniez naissance à une espèce nombreuse. Gali enfantera deux garçons et Lou enfantera deux filles, qui auront à leur tour des enfants ensemble quand le temps sera venu." Et Gali et Lou devinrent enceintes. Mais lorsqu'elles virent que leurs ventres et leurs seins étaient devenus ronds et proéminents, elles pensèrent que le serpent céleste n'aimerait plus à les voir. Alors elles tressèrent ensemble des algues de la mer et chacune en couvrit son corps pour le dissimuler. Mais quand il les vit ainsi couvertes, le serpent céleste se mit en colère. Il leur dit : "Sottes créatures ! Votre corps est tel que je l'ai souhaité, autant en ce moment où il porte votre descendance que lorsque j'ai donné ses jambes à Gali et vous m'offensez en le cachant à ma lumière. Sachez que je vous défends d'en modifier l'apparence en le cachant ou autrement et que si votre descendance oublie cette défense elle attirera sur elle de grands malheurs."


- Voilà pour la légende reprend Gali. En réalité, nous pensons que nous sur notre planète comme vous sur la vôtre, nous sommes le résultat d'une longue évolution. Mais ce qui est sûr c'est que la légende est très ancienne, et il semble que pendant très longtemps nos ancêtres aient considéré comme … je crois que vous dites un tabou l'interdiction de porter sur son corps quelque chose qui le dissimule à la lumière.


- Mais … les maisons … dit Rou.


- Les maisons nous protègent de la pluie et du vent, dit Rokou, mais la lumière y entre librement. Ce qui était interdit, c'était de porter ce que les habitants de la planète de vos amis appellent des vêtements. À part cela, comme chez eux, les groupes humains ont exploité pour leur survie les ressources de la nature, ils se sont spécialisés selon celles dont ils disposaient et ils ont établi des échanges entre eux. Et à mesure que ces échanges se développaient, ils ont aussi inventé d'utiliser quelque chose de peu volumineux qu'on puisse échanger contre n'importe quoi : la monnaie. Peu importe de quoi elle était faite.


- Mais c'est à partir de là que les choses ont changé, dit Gali. À la suite des échanges, il s'est créé des différences. Rou et Lou ne connaissent pas cela sur notre planète aujourd'hui mais ils l'ont vu sur la vôtre en regardant vos films. Chez nous aussi il y a eu des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres.


- C'est quand même aussi grâce à la manière dont les groupes se sont organisés, dit Rokou, qu'il y a eu des gens qui ont pu passer leur temps à faire progresser les connaissances et les raisonnements pour mieux comprendre le monde et la vie, et aussi des choses qui servent seulement à être belles.


- C'est vrai, dit Gali. Mais quand les choses changent, bien souvent il y a à la fois des bonnes et des mauvaises conséquences qu'on n'avait pas prévues. D'abord il y a eu des gens riches et instruits qui n'ont plus cru à la légende et qui ont eu envie de modifier leur image, soit pour montrer qu'ils étaient riches, soit pour montrer qu'ils ne croyaient plus à la légende, soit par envie de s'inventer autrement. C'est pourquoi à cette époque, de plus en plus de gens riches ont porté des vêtements. Pendant ce temps la plupart des pauvres continuaient à ne pas en porter, soit parce qu'ils étaient pauvres, soit parce qu'ils croyaient à la légende.


- Évidemment, dit Rokou, il y avait aussi des pauvres qui n'y croyaient pas et qui mettaient quelque chose sur eux pour le montrer, et des riches qui y croyaient et qui continuaient à vivre nus, mais ce n'étaient pas les plus nombreux.


- En résumé, reprend Gali, à part cette question du vêtement que les croyants continuaient à interdire, notre civilisation a évolué d'une façon qui ressemble beaucoup à ce qui s'est passé sur votre planète. Et nos ancêtres se sont mis à détruire les forêts et à produire beaucoup de CO2, si bien que le climat de notre planète s'est réchauffé, que les glaciers des pôles ont fondu, que le niveau de la mer a monté, que certaines îles ont été submergées et que les autres sont devenues plus petites.


- Quand ils se sont aperçus que cela allait se produire, dit Rokou, les savants ont cherché toutes sortes de moyens de réduire cette production de CO2. Ils en ont trouvé, comme en ce moment sur votre planète, en utilisant des énergies comme la lumière et le vent. Mais les progrès n'allaient pas vite parce que la manière de vivre dont on avait pris l'habitude consommait vraiment beaucoup d'énergie.


- Oui, dit Kévin : on en parlait tout à l'heure. On consomme beaucoup d'énergie pour produire plein de choses pas vraiment nécessaires, mais si on arrête de les produire il va y avoir beaucoup de chômage.


- C'est cela dit Gali. Et il y avait de grands désordres, parce que quand on essayait de réduire l'activité pour produire moins de CO2, c'étaient les pauvres qui devenaient de plus en plus pauvres, alors que le CO2, ce n'était pas eux qui en produisaient le plus, alors ils se révoltaient. Et comme la plupart étaient croyants, ils disaient par exemple qu'on aurait dû commencer par ne pas produire des vêtements.


- Tout ça était très compliqué, commente Rokou en souriant. Parce qu'en même temps ceux qui travaillaient dans les usines de vêtements ne voulaient pas perdre leur travail, mais aussi les plus croyants avaient toujours dit que produire des vêtements devait être défendu puisqu'il était défendu d'en porter. Mais il n'y avait pas que cela.


- Et c'est pendant cette période difficile qu'un chercheur a découvert ce qui a provoqué la grande mutation dit Gali. On va essayer de vous expliquer cela. Vous savez que notre hérédité, ce qui fait par exemple que les enfants ressemblent à leurs parents, est programmée par ce qu'on appelle des gènes qui sont là, dans nos cellules, depuis le début : depuis que le spermatozoïde du père a rencontré l'ovule de la mère. À ce moment-là le programme du futur bébé a été constitué avec une partie des gènes du père et une partie des gènes de la mère. Il y avait déjà longtemps qu'on savait faire ce que dans la langue de Morgane et Kévin on appelle des OGM pour les plantes, en mettant dans leur programme un gène pris dans une autre plante ou même dans un animal, par exemple pour qu'elles résistent à une maladie. Eh bien un chercheur a trouvé moyen d'introduire dans le programme d'un embryon humain un gène pris à une algue, et le résultat a été ce que nous sommes maintenant : l'ensemble de notre organisme n'a pas changé mais toutes les cellules souches qui produisent notre peau et nos téguments, les cheveux, les ongles, les dents, sont végétales.


- Naturellement, reprend Rokou, d'abord cela a été seulement une expérience sur quelques embryons, une dizaine je crois. Et les croyants voulaient qu'on l'arrête tout de suite parce qu'ils disaient qu'elle violait le tabou. Mais les chercheurs qui n'étaient pas croyants ont voulu la poursuivre. Ces embryons sont devenus des enfants puis des adultes capables de vivre parmi les autres humains, avec la particularité qu'ils étaient amphibies et que leur peau absorbait du CO2 et rejetait de l'oxygène. Au départ c'était cela que le chercheur avait imaginé, pour qu'ils soient adaptés à une atmosphère qui contenait de plus en plus de CO2 et il pensait qu'il valait mieux qu'elle reste nue pour faciliter ces échanges gazeux. Cela ne posait aucun problème pour vivre dans la société puisque les croyants ne portaient jamais aucun vêtement et les autres seulement quand ils en avaient envie. Puis ils ont eu entre eux des enfants qui leur étaient semblables, qui a leur tour ont eu des enfants qui leur étaient semblables. Puis il est arrivé qu'ils aient des enfants avec des humains non modifiés et on s'est aperçu que tous ces enfants étaient semblables aux modifiés.


- Cela se passait il y a un millier d'années, dit Gali. Au début, les croyants interdirent à leurs enfants d'avoir des relations sexuelles avec les modifiés, mais ils ne firent rien d'autre contre eux. En revanche, parmi les non croyants les mariages mixtes devinrent courants, si bien que la proportion de modifiés augmenta très vite.


- Cela entraîna quelques changements dans les habitudes, dit Rokou. Par exemple on construisit davantage les habitations au bord de la mer, ce qui était d'autant plus facile qu'au début son niveau continuait à monter. Et l'industrie du vêtement disparut complètement, ce qui contribua un peu à diminuer la consommation d'énergie. Et les choses auraient peut-être pu continuer à évoluer comme cela vers un équilibre naturel entre modifiés et primitifs si les croyants n'avaient pas commencé à s'affoler.


- Il continuait à y avoir des primitifs qui cessaient de croire et qui se mêlaient aux modifiés, alors que l'inverse ne se produisait pas, dit Gali. Comment croire à l'interdiction de modifier son apparence quand on est soi-même modifié ?


- Il y en a parfois tout de même, corrige Rokou. Ils disent qu'il est interdit de cacher son corps mais que la grande mutation n'a pas vraiment modifié notre apparence et que d'ailleurs elle n'aurait pas pu devenir héréditaire si le serpent céleste ne l'avait pas voulu. Mais les primitifs croyants ne les acceptent pas parmi eux de peur qu'ils y introduisent le gène de la mutation. En tout cas certains se sont affolés et les violences ont commencé. Des primitifs on tué ou stérilisé des enfants modifiés. Des modifiés ont exercé des représailles. Lorsqu'on répond à la violence par la violence, elle ne cesse d'augmenter et on en est arrivé à une guerre civile généralisée, qui a tué une grande partie de la population de notre planète et détruit presque tout son système économique.


- Finalement, dit Gali, il y a eu, parmi les primitifs et parmi les modifiés, des gens sages qui ont réussi à persuader les survivants qu'il fallait arrêter les violences. Cela ne s'est pas fait en un jour, mais ils sont finalement arrivés à établir la charte selon laquelle notre planète est organisée depuis deux ou trois cents ans.


- Lou et Rou nous ont dit, intervient Morgane. Vous n'avez pas de monnaie et on prend ce qu'on veut dans les magasins.


- C'est un des caractères de notre organisation, dit Gali. Nous avons pu le faire parce que, comme la production de choses inutiles avait cessé et que notre population avait diminué, il était possible de produire suffisamment de choses nécessaires pour tout le monde. Des conseils de sages élus évaluent les besoins et décident les modifications nécessaires de la production.


- C'est leur administration qui organise aussi pour le bénéfice de tout le monde l'enseignement et la recherche scientifique. Lorsque les enfants deviennent adultes, ils sont orientés vers des métiers qu'ils seront capables d'exercer et qui leur plaisent. En général ils aiment le métier qu'ils sont capables d'exercer car quel que soit ce métier, ils savent qu'ils sont utiles et qu'ils ne manqueront de rien.


- Et ça marche ? demande Kévin.


- Nous simplifions un peu les choses, dit Rokou. Mais on peut dire que cela fonctionne correctement depuis environ deux cents ans.


- Et entre les primitifs et le modifiés, il n'y a plus de guerre ? demande Morgane.


- Pour éviter les causes d'affrontement, di Gali, les sages ont décidé qu'au début les primitifs se regrouperaient sur certaines îles et les modifiés sur d'autres. Maintenant, nous acceptons que des primitifs viennent habiter chez nous s'ils en ont envie. Mais s'ils viennent, c'est seulement parce qu'ils en ont envie, puisque chez eux non plus ils ne manquent de rien. Et s'ils ont envie de vivre parmi nous et comme nous, il n'y a pas de raison qu'ils nous causent des difficultés. En revanche, si nous voulons visiter les îles des primitifs nous le pouvons à la seule condition de prendre toutes les précautions pour ne pas y faire naître des enfants modifiés.


- Ainsi tout est stabilisé, dit Rokou. Que ce soit à cause de notre peau ou de notre consommation d'énergie, le taux de CO2 dans notre atmosphère est stabilisé à un niveau qui nous convient et chez les primitifs, je crois qu'ils compensent en habitant surtout des zones boisées, où les arbres enrichissent l'atmosphère en oxygène.


- C'est bien, dit Kévin.


- Nous le pensons, dit Gali. Mais souviens-toi qu'avant d'en arriver là, notre planète a dû traverser des siècles de guerre civile. Lou et Rou pensaient que ce serait rendre service à votre espèce humaine de vous donner la recette de notre mutation, parce qu'ils ne connaissaient pas bien toute notre histoire, mais nous, nous pensons que cela n'est pas du tout certain.


- C'est vrai, dit Morgane. Déjà, on ne sait pas si ce serait permis de faire ça.


- Il y aurait sûrement des pour et des contre, dit Kévin. Et on ne sait pas comment ça finirait.


- En tout cas, reprend Morgane, si ça risque de finir par la guerre civile, moi j'aime mieux qu'on reste comme on est.


- Vous savez, dit Rokou, vous pouvez toujours raconter tout cela à vos parents, et si vous voulez en savoir davantage, vous n'aurez qu'à revenir nous voir. Maintenant que vous avez vu l'intérieur de notre vaisseau, vous en êtes capables quand vous voulez.


- C'est vrai, dit Morgane. Pour l'instant on devrait peut-être retourner chez nous parce que si on reste trop longtemps nos parents vont s'inquiéter, mais on pourra peut-être revenir plus tard.


- Nous aussi nous pourrons revenir chez vous si vos parents et les nôtres permettent, dit Lou.




… Que dire de plus ?


Morgane et Kévin ont satisfait la curiosité de leurs parents en leur racontant toute l'histoire de Pokan. Et l'analyse de l'ADN prélevé sur eux a montré que la grande mutation était possible sur la Terre. Mais tout le monde a conclu qu'il valait sans doute mieux ne pas tenter sur notre planète une expérience qui, même si la fin avait été plutôt heureuse, avait coûté si cher sur la planète sœur..


Pendant le reste des vacances à Marseillan, les quatre enfants ont souvent passé leurs journées ensemble tantôt chez les uns tantôt chez les autres, comme des voisins. Pour aller à la plage, Rou et Lou pouvaient difficilement recommencer souvent leur arrivée par le large sans finir par se faire remarquer, mais Geneviève a pensé à leur proposer les petits pagnes courts qu'on attache seulement autour de la taille et ils les ont supportés. Comme la poitrine de Lou était encore aussi plate que celle de son frère, cela pouvait suffire pour traverser sans encombre la zone "textile". Après un essai concluant qui a donné envie à Morgane et Kévin d'adopter la même tenue, ils ont donc pris l'habitude d'atterrir dans le petit jardin et de faire avec eux le trajet de la plage. Et personne en les voyant ensemble n'a jamais supposé que les deux enfants noirs étaient des Organismes Génétiquement Modifiés Extra-Terrestres.


Parfois aussi ils se transportaient dans le château de Morgane pour l'écouter jouer du piano, ou chez Kévin, pour voir ses parents et jouer avec son jeu de constructions. Ils ont encore pu continuer ces rencontres pendant les quelques jours que Kévin a passés chez Morgane, avant de regagner le Nord. Puis la rentrée des classes est arrivée. Lou et Rou peuvent toujours rendre visite à l'un ou à l'autre mais Morgane et Kévin ont dû reprendre l'habitude de vivre habillés et, séparés, ils ne peuvent plus voyager comme eux. Ce n'est donc plus pareil.



Peut-être pourront-ils se retrouver tous les quatre réunis à l'occasion de petites vacances et faire ensemble des projets pour l'été prochain …


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