Relisant ma lettre, je me rends compte que, s'agissant de la nudité en famille, elle semble dire que "quoi que vous fassiez ce sera mal". Ce n'est pas mon opinion.
Mon opinion, vous le savez, elle est favorable au naturisme. Si, à son sujet, j'ai parlé d'intégrisme à propos de ceux qui vivent nus chez eux en permanence, c'est que, me semble-t-il, compte tenu de la règle générale de notre société, cela présente quelques inconvénients pour les enfants. On peut leur expliquer et ils le comprennent sans difficulté, que tout le monde n'est pas obligé de vivre de la même façon. Par exemple il y a des gens qui mangent de la viande et d'autres qui pensent qu'il ne faut pas en manger et d'autres qu'on peut en manger mais pas du porc. Mais être nu chez soi en permanence, cela implique de ne pas pouvoir entretenir avec le monde extérieur une relation simplement normale, cela risque fort d'être vécu comme un enfermement sectaire, qui n'est pas bon pour la socialisation de l'enfant. On peut, ce que font la plupart des naturistes et aussi certaines familles qui n'en revendiquent pas l'appellation, banaliser la nudité sans en faire une règle contraignante. Car ce qui est bon pour l'enfant, ce qui lui permet de vivre "sans complexes" sa relation au corps tout entier, c'est cette banalisation, qui dissocie la nudité de la sexualité.
Banaliser, cela veut dire que les enfants seront plutôt encouragés que le contraire à rester nus chez eux et entre eux autant (ni plus ni moins) qu'ils en auront envie et que tout les portera à penser qu'il en est de même pour leurs parents. Autant, ni plus ni moins, que cela leur est naturel. Cela veut dire qu'ils les verront dans cet état probablement un peu plus qu'accidentellement, comme furtivement, entre deux portes. On peut se baigner nu avec eux à l'abri des regards auxquels la loi interdit de s'exposer, soit dans la nature, soit dans une piscine familiale, on peut au moins, dans les mêmes conditions, bronzer nu sur son balcon ou dans son jardin. Ainsi élevé, un enfant est globalement indifférent à la nudité qu'il considère comme un état normal, l'apprécie dans certaines situations et pas dans toutes, et intègre sans aucun problème qu'hors de chez lui, par respect pour ceux qui pensent autrement, elle est en général proscrite.
Je ne peux mieux dire, je pense, que ce qui est imprimé sur la quatrième de couverture de mon livre, je vous y renvoie.
"Nudité = innocence", c'est l'équation que l'auteur voudrai substituer à cette autre "nudité = sexe = culpabilité", à laquelle on formate les cerveaux de la plupart des enfants. Il pense en effet que, bien loin de les protéger, cette assimilation-là place aussi dangereusement que durablement leur relation au corps humain, le leur y compris, sous le signe du malaise. Alors que les enfants naturistes, pour qui la nudité, banalisée dans des situations naturelles, est innocente et ne demande à être cachée qu'à ceux pour qui elle ne l'est pas, assument plus sereinement cette relation.
Banaliser la nudité dans des situations où elle est naturelle, là est le principe-clé. Admettre que les enfants puissent la rencontrer exceptionnellement n'y suffit pas. Dire que "ce n'est pas grave", c'est encore dire que ce n'est pas bien. Ce que les enfants ont besoin de savoir, je pense, c'est que c'est normal.
Quant à sa protection contre d'éventuelles atteintes de pédophiles, tout enfant connaît la différence entre voir et toucher. Personne, sauf nécessité médicale, n'a le droit de toucher son sexe ou son derrière ni de lui faire toucher le sien. D'ailleurs, encore une fois, il ne s'agit d'être nu que dans des situations où c'est naturel.
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