mercredi 18 février 2009

Précision.

Quelques lecteurs fidèles de ce blog, membres d'Imaginat, comme Pascal Fiévet - et pour cause - et Jean-Luc Bouland qu'il a mis dans la confidence, savent en quoi consiste ce projet d'écriture dont je viens de dire un mot. Trêve donc de mystères : avec l'autorisation de Pascal qui en est à l'origine je vais en parler.
Il y a quelques années déjà, Pascal a écrit, dialogué et dûment enregistré à la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques et à celle des Gens de Lettres un scénario destiné au cinéma ou à la Télévision qui a retenu l'attention des professionnels mais n'a finalement pas été réalisé. Et voilà qu'en me lisant l'idée lui est venue de me proposer de le transformer en roman.
Cette sorte d'opération se pratique le plus souvent en sens inverse et tous ceux qui ont vu une adaptation cinématographique d'un roman qu'ils avaient aimé ont pu constater, parfois avec regret, que cela n'avait pas été sans de plus ou moins profondes modifications.
C'est que pour raconter une histoire, les moyens dont disposent le cinéaste et le romancier sont fort différents. L'un l'impose à un spectateur captif en l'en faisant témoin direct à un rythme déterminé, l'autre l'invite à imaginer (mettre en images) à partir de mots et à son propre rythme. Il en résulte, me semble-t-il, une attitude à priori plus naturellement critique du lecteur qui, n'étant pas directement convaincu par ses yeux et ses oreilles, tend à exiger une cohérence logique plus explicite. Et si beaucoup de romanciers choisissent de faire raconter l'histoire par l'un de ses personnages, c'est que celui-ci joue, entre l'histoire et le lecteur, un rôle de médiateur dont le cinéma n'a pas besoin. Il le gênerait plutôt, la caméra étant, à priori , extérieure à l'action.
C'est pourquoi cette proposition inattendue m'a d'emblée séduit en tant qu'exercice technique de transposition. Mais c'eût été pour moi mission impossible si l'histoire ne m'avait pas touché. Dès l'abord il m'a semblé qu'un personnage féminin qui n'en est pas l'héroïne principale pouvait, de par sa situation tant objective qu'affective telle que Pascal l'avait imaginée, en être la narratrice.
Avec son accord, j'ai commencé à travailler dans ce sens, ce qui m'a conduit à donner à ce personnage et à la génèse de sa relation au héros plus de développement que dans le scénario original. Dès lors l'exercice technique d'écriture se transformait en participation à la création, ce qui le rendait d'autant plus passionnant. Pascal en a aimé les premiers résultats et j'ai donc continué.
C'est pourquoi au regard du calendrier mon travail avance plus vite que je n'aurais cru, car le nombre d'heures que je lui consacre quotidiennement est bien plus important que prévu. Car à mesure que je la fais mienne, cette histoire, que Pascal m'a prétée mais qui demeure sa création, prend possession de moi. Quoi qu'il en advienne, cette expérience aura été pour moi fantastique.

Une réflexion en marge. J'éprouve chaque jour, en donnant une forme nouvelle à cette histoire que je n'ai pas inventée, cette vérité que Pascal connaît bien, lui qui se plaît à écrire des sonnets : la forme est créatrice. Plus précisément, au sens propre elle transforme la matière sans laquelle elle n'existerait pas.

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