mardi 9 avril 2013

Billet d'humeur

Cette photo publiée sur son blog par Caroline Fourest a provoqué de nombreuses réactions et, quoi qu'on puisse en penser, puisque c'était le but recherché, bravo, il est atteint. Parmi ces réactions un article de Nathalie Blu-Pérou dans "le Plus" du Nouvel Obs, conduisant une réflexion sur l'utilisation des seins nus, dont elle pointait la "sexualisation systématique" dans notre culture actuelle,  pour attirer l'attention sur des causes féministes. Comme "le Plus" y invite ses lecteurs, j'ai proposé l'article suivant, que m'inspirait ce sujet-là. Non, bien sûr, ils ne l'ont pas publié ! Allez savoir pourquoi...
 
A propos de la « sexualisation systématique des seins », dont parlait la chroniqueuse Nathalie Blu-Pérou, me reviennent quelques réflexions dont j'aimerais vous faire part.
Il y a quelques mois, lors de la séance de questions au gouvernement du mercredi, dans un hémicycle presque vide, quelques sénatrices questionnaient Madame la Ministre des Droits des Femmes sur l'action du gouvernement en faveur d'une réelle égalité entre les deux sexes.
C'est dans ce cadre que la Ministre comme la Sénatrice Chantal Jouanneau dénonçaient à l'unisson les méfaits de l'hypersexualisation des enfants et surtout des petites filles, qui contribue à formater leur esprit selon les stéréotypes traditionnels et par là à maintenir un rapport dans lequel l'homme est dominant. Il faut donc lutter, disaient-elles contre cette hypersexualisation et on pourrait par exemple envisager d'interdire ces concours de mini-miss qui n'ont pas d'équivalent chez les garçons, mais surtout bannir de l'école tout ce qui tend à un traitement différencié des deux sexes.
Bonne idée, sans doute, mais on n'a pas osé, peut-être même pas pensé à aller au fond des choses sur ce point. Que la mixité des écoles et des colonies de vacances s'arrête à la porte des dortoirs pour des adolescents dont l'éveil sexuel pourrait évidemment poser des problèmes, soit. Mais pourquoi plus tôt ? Faut-il aller jusqu'à imposer un uniforme unisexe ? L'idée n'est pas indéfendable. Elle éviterait par exemple que les petites filles vêtues de robes ou de jupes doivent, leur apprend-on, veiller soigneusement à ce qu'on ne voie pas leur culotte, quand les petits garçons n'ont pas ce souci. Et pourquoi à la piscine ou aux vestiaires apprend-on aux petites filles à cacher des torses que rien ne différencie de ceux des garçons ? Ne s'agit-il pas là d'une sexualisation délibérément prématurée de seins... à l'état de projets ? Au reste si les organes sexuels proprement dits sont, eux, différents, ils n'ont encore de sexuel, chez les enfants, que le nom et le fantasme imposé par les adultes de leur fonction future.
Si l'on admet que cette sexualisation prématurée est l'ennemie de l'égalité entre hommes et femmes, la logique voudrait qu'au moins à la piscine les enfants soient libérés du tabou de la nudité que nos sociétés obsédées par le sexe leur ont imposé, du reste récemment.
On objectera qu'il s'agit de les protéger de la concupiscence du pédophile qui rôde. Soyons sérieux ! Chacun sait que, s'agissant d'adultes, le sexe suggéré sans être exhibé est plus érotique que la nudité. Or nombre de mamans ne se privent pas d'encourager leurs petites filles à les imiter dans la recherche de tenues « sexy ». Pourquoi voudrait-on croire que le maillot de bain constitue une protection alors que le message qu'il véhicule clairement est « ce que je cache est sexuel », quand la nudité ne fait aucune différence entre les parties du corps ?
Le corps nu est-il donc inévitablement sexuel ou culturellement sexualisé ?
La réalité est que le tabou de la nudité est une mine d'or pour toutes sortes de commerces, y compris celui du corps, que les tabous ont toujours été un moyen de manipuler les masses, et que la société de consommation comme les pouvoirs politiques et religieux se garderont donc bien de s'en priver !


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