Le journal de Malaurie (3)

jeudi 3 janvier

J'ai déjà pris mon bain avec ma cousine, pendant les vacances, mais c'était il y a longtemps, on était encore petites. Et à la piscine, dans les vestiaires, toutes les filles se cachent pour se changer, alors moi aussi. C’est pour ça que j’étais surprise. Mais comme j'étais invitée chez Chloé, je ne voulais pas lui dire non. Surtout que, en fait, ça ne me dérangeait pas : à la piscine, je fais comme tout le monde, mais en réalité, ça m'est égal si les copines me voient. On est faites pareil ! C’est juste que je ne m'y attendais pas. Mais j'ai quand même répondu : «D'accord». Et Carine a dit : «Bon, eh bien alors j'y vais avant vous, parce que telle que je connais Chloé, ça risque d'être long. Moi je vais juste prendre une douche.» Elle a enlevé sa combinaison de ski, et elle est entrée dans la salle de bains en culotte et soutien-gorge.

Ça aussi, ça m'a un peu surprise. Je n'avais jamais vu personne comme ça. À part à la plage, bien sûr, mais en maillot ce n'est pas pareil. Et à part Maman. Et j'ai pensé qu'elle aurait fait pareil avec moi. Mais peut-être pas devant Chloé.

Mais c'est vrai qu'on allait dormir dans la même chambre, alors elle n'allait pas se cacher pour se déshabiller à cause de moi !

Chloé a enlevé aussi sa combinaison, et elle s'est jetée sur le grand lit en riant, et j'ai fait comme elle. Tout d'un coup elle m'a dit : «Comment tu fais pour être encore un peu bronzée ? Moi, regarde, je suis toute blanche !» Je lui ai expliqué qu’en réalité c'est ma peau qui est comme ça, parce que Maman vient de La Réunion. Elle est un peu métissée. J’ai dit : « Tu vois, j’ai plus de marque de maillot ! » en descendant un peu ma culotte pour lui montrer. Elle a ri, je ne sais pas pourquoi, et elle m'a dit : « Tu as de la chance !» Je lui ai demandé pourquoi et elle m'a dit qu'elle trouvait ça plus joli.

On a chahuté cinq minutes puis, depuis la salle de bains, Carine a dit : « J'ai mis votre bain à couler : vous pouvez commencer à vous déshabiller pendant que je finis de me sécher!» Commencer, c’était déjà fait avec nos combinaisons. Moi, comme d'habitude, j'ai attendu d'être dans la salle de bains pour enlever le reste. Mais Chloé non.

Je continuerai demain.

vendredi 4 janvier

Une minute après, Carine a arrêté le sèche-cheveux et elle est sortie enroulée dans une serviette en disant : «À vous!» Et quand Chloé est passée devant elle toute nue, elle lui a donné une petite claque sur les fesses en riant.

Et là, j'ai pensé que Papa et Maman faisaient aussi comme ça avec moi, quand ils n'étaient pas divorcés. Mais maintenant Maman dit que je suis grande : je fais ma toilette toute seule, je me déshabille et je mets mon pyjama dans la salle de bains. Ou sinon je mets mon peignoir pour traverser le couloir. Et le matin je me rhabille dans ma chambre. Ça fait qu'elle ne me voit plus jamais toute nue. En plus depuis que Julien est à la maison elle fait attention que je ferme la porte. Mais c'est vrai que même avant, elle n'aimait pas trop que je traîne sans culotte.

Dans le bain, on a bavardé, on s'est frotté le dos, on a joué avec la mousse comme des petites. On n'était pas pressées de sortir. Puis, quand Carine nous a appelées pour qu'on aille manger, on s'est essuyées et je me suis aperçue qu’on avait laissé notre linge de rechange dans la chambre. Moi je suis sortie avec une serviette et je me suis dépêchée de remettre une culotte, mais Chloé, elle, elle est restée un bon moment toute nue à sauter sur le lit. Je la regardais s'amuser en finissant de me rhabiller. J'avais bien envie de sauter sur le lit avec elle, mais je n'osais pas. Carine lui a dit : «Allons, fofolle, habille-toi ! Regarde comme ton amie est raisonnable ! Elle est déjà prête !» Et Chloé a répondu : « Attends, c'est parce qu'elle te connaît pas encore bien !»

Et ça devait être vrai parce que le lendemain, j'ai tout fait comme elle. En fait c’est venu tout seul. On était tellement bien ensemble que je la laissais tout décider pour nous deux sans me poser de question.