Sandy l'année d'après 4

Alors Manon et moi, on a commencé par profiter qu'on était seules avec Mamie pour lui demander si ça ne l'ennuyait pas qu'on reste toutes nues comme le dernier jour de l'été dernier. Pour le naturisme, je lui avais déjà tout raconté et elle a dit :

- Pourquoi pas, si ça vous fait plaisir ? Moi je n'ai pas été habituée comme ça et ce n'est pas à mon âge que je vais changer mais après tout, ça ne fait de mal à personne ! Et puisque vos parents vous le permettent …

Il faisait tellement chaud que de toute la première semaine on n'a pas porté un seul vêtement. On mettait juste une serviette sur les sièges pour s'asseoir dessus, comme font tous les naturistes, question d'hygiène. Une semaine entière sans rien mettre, ça, pour moi c'était la première fois. Et j'ai tout de suite trouvé ça tellement normal que le troisième jour en voyant Mamie se baigner avec son grand maillot, je lui ai dit :

- Quand tu es seule aussi tu mets ton maillot pour te baigner ?

Elle a un peu hésité puis elle a répondu :

- Non. Comme personne ne peut me voir, la piscine, c'est comme ma baignoire, je n'ai pas besoin de maillot.

J'ai dit :

- Alors tu préfères.

Elle a dit :

- Oui, c'est plus simple, mais quand je suis toute seule.

J'ai dit :

- Mais nous, ça compte pas ! Deux petites filles ! Tu sais des gens tout nus, on a l'habitude !

Elle a dit :

- Mais je suis trop vieille, je ne suis pas belle toute nue !

Là c'est Manon qui a dit :

- Ça aussi, on a l'habitude ! Mais en plus, c'est pas vrai Madeleine, tu n'es pas vieille, qu'est-ce que tu as ? Même pas soixante ? Et je trouve que tu es très belle pour ton âge.

Et Mamie s'est laissé persuader de se baigner toute nue avec nous. Mais elle, elle se rhabillait tout de suite après.

Et puis, la deuxième semaine mes cousins devaient nous rejoindre et … nous n'avions pas du tout envie de nous rhabiller. Mamie a dit :

- Débrouillez-vous ! Moi, en tout cas, je ne me baignerai plus sans maillot. Les garçons, d'abord c'est des garçons, ensuite ils ne sont pas habitués comme vous, ça les choquerait sûrement et leur mère je n'en parle même pas.

Alors Manon et moi on a fait notre plan.

Tante Sophie devait juste passer les déposer et repartir tout de suite. Quand on a entendu sa voiture, on a plongé toutes les deux dans la piscine. Les garçons sont arrivés, en criant :"Salut les filles !" et ils ont commencé à jeter leurs vêtements sur l'herbe pour nous rejoindre. Eux, bien sûr, ils avaient déjà leurs maillots dessous en prévision. Ils ont plongé et c'est seulement une fois dans l'eau qu'ils se sont aperçu qu'on n'en avait pas.

Alex a un peu rougi, je crois, puis il a dit en me regardant, moi, comme s'il n'osait pas regarder Manon :

- Vous êtes toutes nues ?...Vous êtes gonflées !

Alors j'ai dit :

- Écoute ! Dans une semaine on part dans un centre naturiste toutes les deux : on n'a pas envie d'avoir des marques de maillot ! Ça vous ennuie vraiment si on reste comme ça ? Vous, vous faites comme vous voulez !

Les marques de maillot, c'était juste un prétexte. Ça, en réalité, ça nous était égal mais juste on n'avait pas envie de s'embêter avec des maillots, au moins dans la piscine et le jardin.

Ludo ne disait rien. Alex a dit qu'après tout ça nous regardait. Tante Sophie qui arrivait a demandé de quoi il s'agissait et Alex le lui a expliqué. Elle a un peu hésité puis elle a dit :

- Je pense qu'Alex a raison : ça vous regarde. Chacun fait ce qu'il veut.

J'étais un peu étonnée parce qu'une fois où nos parents avaient parlé du naturisme ensemble, Oncle Jacques n'était pas contre mais elle, elle avait dit qu'à son avis c'était mieux de garder son intimité, de ne pas tout montrer. D'un autre côté c'est vrai que, quand on se baignait tout nus le soir, elle ne disait rien, même l'année dernière. En tout cas ça nous arrangeait qu'elle nous laisse faire comme on voulait.

Tout de suite Ludo a demandé :

- Alors on peut faire comme elles ?

- Vous faites comme vous voulez, a dit ma tante. Débrouillez vous.

Et Ludo a tout de suite jeté son maillot par-dessus bord.

Nous n'avions pas encore dit bonjour à Tante Sophie, alors nous sommes sorties de l'eau, Manon et moi, pour lui faire une bise. Elle a eu l'air un peu étonné en regardant Manon, qui commence à avoir des poils à la foufoune (moi j'ai juste un peu de duvet et comme il est blond ça ne se voit pas), mais elle a souri et m'a donné une petite claque sur les fesses. Puis nous avons replongé. Quand elle est repartie, pour lui faire la bise il n'y avait plus qu'Alex à être en maillot. Dans l'eau il avait bien chahuté avec nous sans problème, mais quand Manon était dehors, il n'osait pas trop la regarder.

Dans la soirée, après le brossage des dents, les garçons se sont mis en pyjama, comme d'habitude. Nous on a juste gardé les paréos qu'on avait mis pour rentrer dans la maison, quand ils s'étaient rhabillés. Il ne fallait quand même pas exagérer. Un moment après on est retourné tous les quatre se baigner avant d'aller dormir. Alex n'a pas remis son maillot. Il a juste plongé très vite quand il a retiré son pyjama, et en sortant il se cachait encore un peu dans sa serviette pour le remettre. Mais le lendemain matin il a fait pareil, sauf qu'en sortant de l'eau pour replonger, dix minutes plus tard, il ne se cachait plus du tout. C'est là que j'ai vu que lui aussi il commençait à avoir des poils.

Au bout de deux jours on passait nos journées entières tout nus, tous les quatre. Alex n'avait plus du tout l'air gêné, ni d'être tout nu ni de nous voir. Même Manon. Pour dire la vérité, Manon il ne la regardait pas tout à fait comme moi, mais … elle non plus. En fait c'était comme l'été dernier : c'est sûr qu'ils se plaisaient bien tous les deux.

Donc, à la mi-juillet, Claude et Hélène sont venues nous chercher à La Motte, avec Léo. En fait pour elles, La Motte ça faisait à peine un détour sur la route de La Sablière. Mamie s'était arrangée avec elles au téléphone : on allait déjeuner ensemble, ça leur ferait une halte pour se rafraîchir, et on repartirait tous les cinq pour arriver à la Sablière vers cinq heures.

Quand Léo a vu que Manon, moi et mes cousins on était tout nus, il a crié : "Ouais !". Et avant même de nous avoir dit bonjour, en deux secondes il était déshabillé. Quand Manon lui a fait la bise, Alex l'a regardé de travers. Pourtant c'était juste un petit bisou. À l'oreille je lui ai glissé : "T'en fais pas !" À mon tour j'ai fait la bise à Léo et il m'a fait une petite caresse dans les cheveux. Alex a compris et du coup Léo a été adopté sans problème.

Claude et Hélène étaient en train de dire bonjour à Mamie. Elles ont rappelé Léo pour qu'il lui dise bonjour aussi. Hélène a dit :

- Déjà tout nu ! Hé bien ça n'a pas traîné !

Léo a dit :

- Venez vous baigner avec nous !

Claude a demandé à Mamie :

- On peut ? C'est que … Nous n'avions pas prévu de nous baigner ici et … nous n'avons pas pensé à prendre des maillots …

Pour Mamie, des femmes ça ne devait pas être un problème mais c'est vrai qu'il y avait les garçons.

- Faut pas vous gêner pour nous ! a dit en riant Alex, qui avait entendu. Avec les filles, on commence à prendre l'habitude !

Et plus bas il a dit à Ludo :

- On n'est pas obligés d'en parler à Maman !

Mamie a dit :

- Ça ne me gêne pas non plus. Allez donc vous rafraîchir avec les enfants pendant que je finis de préparer le déjeuner, allez, et ne vous inquiétez pas : je n'ai pas besoin d'aide !

Une heure plus tard Hélène s'est remise au volant. Claude à côté d'elle, Manon et moi derrière avec Léo entre nous deux. On avait pris la voiture d'Hélène parce qu'à l'arrière c'était trois vrais sièges séparés.

Au moment de partir, quand tout le monde s'était fait la bise, Alex avait l'air tout triste. Manon lui a dit :

- Dommage que tu puisses pas venir avec nous !

Et elle a fait vite mais moi je l'ai vu quand même : le bisou, elle le lui a fait sur la bouche.

Dans la voiture, pendant un bon moment elle n'a pas eu l'air d'être vraiment avec nous. Léo m'a dit à l'oreille :

- Qu'est-ce qu'elle a ?

J'ai dit :

- Devine !

Il a ri et il m'a fait un bisou sur la main. Pas besoin de parler ! Et on allait passer deux semaines ensemble ! Jamais je ne m'étais sentie aussi légère.