dimanche 7 décembre 2008

OGMET 2


- Une perturbation instantanée de l'espace-temps ? dit Morgane. Ici il y a à peu près un an ? Il y a à peu près un an nous avons été transportés à la fois dans l'espace, d'ici à mon château, et dans le temps, à l'époque de la Révolution, On y est restés plusieurs heures et on est revenus ici au moment même où on était partis. C'est de ça que vous parlez ? Vos appareils ont enregistré ça ?


- Pas vraiment, dit Lou. Pas exactement ce qui vous est arrivé. Seulement la perturbation magnétique qui indiquait que quelqu'un ou quelque chose avait fait un aller-retour instantané dans le temps et l'espace. Nos parents en ont cherché l'origine, ils vous ont trouvés et à partir de là ils ont recherché toutes les informations possibles à votre sujet.


- Il faut peut-être leur dire pourquoi cela les intéressait beaucoup, intervient Rou.


- En fait, continue Lou, c'est parce que Rou et moi, une fois nous avions créé une perturbation du même genre pour aller voir nos grands parents sur notre planète. Nous aussi, nous avions fait le voyage instantanément dans le passé.


- Et comme il y avait une chose pas satisfaisante, nous avons essayé de recommencer dans le présent., ajoute Rou. Et c'est mieux parce que …


- Nous, le coupe Morgane, soudain très excitée, dans le passé on était invisibles. C’était ça le problème pour vous ? Parce que c'est vrai ça : on vous voit !


- Nous aussi, dans notre deuxième voyage, les enfants nous voyaient, objecte Kévin.


- Un deuxième voyage ? s'étonne Rou.


- Un voyage dans les contes de fées, explique Morgane. Les contes de fées, vous connaissez ça ? Des histoires inventées qu'on raconte aux enfants.


- Chez nous aussi il y a des histoires inventées qu'on raconte aux enfants, dit Lou et des voyages dans ces histoires nous en avons déjà fait, aussi, Rou et moi. Ça se peut parce que nous sommes capables de penser la même chose en même temps. Quand nous rêvons dans le sommeil aussi. Mais ça n'a rien à voir : nos parents disent que ce n'est pas réel. D'ailleurs les appareils n'enregistrent rien. Mais dans le passé, c'est bien ça : nous étions invisibles, alors pour ce que nous voulions ça ne convenait pas.


- Et c'était quoi, ce que vous vouliez ? questionne Kévin.


- Voyons, Kévin ! Ça ne nous regarde peut-être pas, le gronde Morgane.


- Ce n'est pas secret ! Le voyage c'était pour visiter nos grands-parents et nous étions ennuyés qu'ils ne puissent pas nous voir, explique Lou.


- Et vous avez trouvé la solution ? demande Kévin. Comment vous avez fait ?


- Nous vous raconterons, dit Rou. Mais pour le moment nous disons seulement l'essentiel pour ne pas tout mélanger.


- Quand nous voulons voyager dans le présent le déplacement dans l'espace est instantané mais nous ne sommes pas invisibles et entre l'aller et le retour le temps passe normalement, résume Lou. C'est de cette façon que nous sommes venus.


- Je continue à raconter, reprend Rou. Comme Lou vous a dit quand nous avions voyagé comme ça dans le passé les appareils de nos parents avaient déjà enregistré une perturbation magnétique. C'est pour cela que, quand ils ont observé la même sorte de perturbation sur un point de la terre, forcément cela les a particulièrement intéressés.


- Ils nous ont montré les images qu'ils ont enregistrées quand ils vous ont identifiés sur la plage, dit Lou, et ça nous a donné envie de venir y jouer avec vous. Nous n'avons pas de camarades dans le vaisseau. Vous, vous aviez l'air de bien vous amuser et en plus vous êtes capables de voyager comme nous.


- Et en plus en continuant à vous observer nos parents ont découvert que vous étiez nés tous les deux en même temps que nous, ajoute Rou. Ils se demandent si c'est pour cela que nous avons les mêmes pouvoirs.


- Mais ça, dit Lou, ils l'ont découvert seulement le jour de notre anniversaire quand vous vous êtes téléphoné. En tout cas, déjà l'été dernier nous avions envie de venir vous rencontrer. Mais même si on savait comment faire, ça ne paraissait pas possible.


- Ils avaient déjà envoyé des appareils sur la terre pour faire des prélèvements et des analyses, explique Rou, et même eux, avec le vaisseau, ils savaient qu'ils auraient pu y débarquer sans danger, là où il n'y a personne, mais rencontrer des habitants ils préféraient ne pas le faire.


- Ils nous avaient souvent expliqué tout ce qu'il y avait de commun entre nos deux planètes, et aussi pourquoi leur mission était d'accumuler le plus possible d'informations sur la vôtre, mais sans établir de contact direct avec les habitants.


- Expliqué, intervient Lou … ce que nous sommes capables de comprendre ! Nous ne sommes que des enfants moyennement intelligents. Pourquoi accumuler le plus d'informations possible, on ne sait pas vraiment à quoi ça va servir mais il paraît qu'il faut toujours essayer d'en savoir le plus possible et que quelquefois on trouve plus tard à quoi ça peut servir.


- Oui, dit Morgane. Chez nous aussi on dit ça. Une fois il y avait un scientifique qui disait ça à la télé, parce qu'on lui demandait à quoi ça sert de dépenser plein d'argent pour aller sur la lune et tout ça. Ils appellent ça de la recherche fondamentale, je crois.


- Je ne comprends pas bien ces mots-là, dit Rou, mais cela doit être comme chez nous. La question qui nous intéressait le plus, c'était pourquoi ne pas établir de contact direct. Alors ils nous ont montré des morceaux de vos films que vous appelez de science-fiction et nous avons compris. Presque toujours, quand vous imaginez des visiteurs d'une autre planète, vous pensez qu'ils veulent vous faire du mal et vous essayez de les tuer.


- Ou bien on en parle à la télévision et tout le monde est très … perturbé, je crois que vous dites, ajoute Lou.


- C'est vrai qu'en général ça ne se passe pas bien, dit Morgane. Il y a aussi des fois où les extra-terrestres - c'est comme ça qu'on dit - sont tués par les microbes de la terre. Vous n'avez pas peur de ça ?


- Ça, non dit Lou. Les analyses des prélèvements et celles des communications entre vos scientifiques ont montré qu'il n'y avait pas de danger parce que nos microbes et les vôtres sont les mêmes. Nous vous l'avons dit : nos planètes se ressemblent beaucoup.


- Mais vous, vous respirez dans l'eau avec vos cheveux, ça fait quand même une grosse différence, même si ça ne se voit pas quand on vous regarde, objecte Kévin.


- Ça, c'est depuis la grande mutation, nous vous expliquerons un peu plus tard, je crois que c'est mieux, dit Rou en se roulant dans l'eau, aussitôt imité par sa sœur.


- Oui, dit Morgane. Si on mélange tout on va plus rien comprendre. On en était à pourquoi pas de contact direct.


- Donc, la raison c'était surtout que nous avions peur de vos réactions. Je veux dire les autres habitants de votre planète. Nous craignions de ne pas pouvoir contrôler la situation, dit Rou.


- D'autant plus qu'il y a une autre petite difficulté. Cela nous a bien fait rire quand nos parents nous l'ont expliqué, parce que nous pensions que ce n'était pas important, mais ils nous ont dit que d'après ce qu'ils savaient de votre façon de vivre, pour vous ça pouvait l'être, dit Lou.


- Pour vous les habitants de la terre en général, précise Rou en riant. Mais pas pour vous deux et ceux qui sont sur cette plage, on dirait.


- On dirait une devinette, remarque Kévin. Important pour les habitants de la terre en général mais pas pour nous deux et ceux qui sont sur cette plage, c'est quoi ?


- Réfléchis, voyons, dit Morgane. Pourquoi on vient justement sur cette plage, toi et moi ?


- Pour pas être obligés de mettre un maillot ! C'est vrai ça ! Vous non plus vous en avez pas !


- C'est cela, dit Lou. Nous avons besoin que notre peau reste nue et de pouvoir la mouiller souvent. Alors nous ne pourrions pas aller dans vos villes pour rencontrer vos scientifiques, parce que nous ne pouvons pas faire comme vous, couvrir notre peau de ce que vous appelez des vêtements. Ici c'est bien.


- Vous savez, dit Kévin, sur d'autres plages, les gens portent seulement un tout petit vêtement. Votre peau supporterait peut-être !


- Peut-être, admet Rou. Mais nous trouvons cela bizarre. Sur notre planète personne n'a jamais porté de vêtement je crois. Et de toutes façons le vêtement très petit c'est seulement sur les plages. Et si nos scientifiques débarquaient sur une plage, même avec ce petit vêtement, on ne sait pas comment les gens de votre planète réagiraient.


- Personne ne porte jamais de vêtement chez vous ? reprend Kévin. C'est sympa, ça. Mais vous n'avez jamais froid ?


- Non, dit Rou. Notre peau nous protège. Mais même avant la grande mutation, quand elle était comme la vôtre, nous n'avions jamais froid, je crois, parce que presque toutes les zones habitées de notre planète ont un climat plutôt chaud.


- Il y a quand même des gens qui habitent dans des zones plus froides, corrige Lou. Mais pas beaucoup, et ils se sont habitués. On nous a dit que ce qui protège du froid c'est une tension électrique à la surface de la peau. Je ne comprends pas bien ce que cela veut dire. Nos parents disent qu'elle s'adapte aux changements de température quand ils ne sont pas trop grands. Sinon les scientifiques qui ont exploré les zones polaires se sont mis dans un équipement pour sortir. Je crois que vous appelez ça un scaphandre. Mais bien sûr, c'est seulement pour sortir de leurs … comment dites-vous ? …


- Véhicules ? propose Morgane.


- C'est ça, je crois. Sinon, jamais de vêtement.


- Oui, se souvient Kévin. La tension électrique à la surface de la peau, Maman m'a dit que c'est ça qui fait des étincelles des fois quand on approche la main de la porte du frigo ou de la voiture, même des cheveux des fois. Nous aussi on a ça, mais en hiver on a quand même froid si on ne met pas des vêtements.


- En fait, reprend Rou, nous avons bien vu dans vos films que vous en portiez presque tout le temps et nos parents nous ont dit que c'était en général pour vous protéger du froid. Mais ce qui nous a surtout étonnés, c'est justement ce tout petit vêtement que vous portez presque tous même pour vous baigner dans la mer quand il fait chaud.


- Et les femmes en portent un plus grand, ou alors deux plus petits, un comme les hommes qui couvre les fesses, le ventre et le sexe et un qui couvre les seins. précise Lou. Mais vous non, et les gens sur cette plage non plus. Vous pouvez nous expliquer ?


- Ben, dit Morgane, nous on préfère ne pas en mettre parce qu'on trouve que ça sert à rien et que c'est plus agréable quand on n'en a pas mais …


- Mes parents et moi on est du même avis maintenant qu'on a essayé, enchaîne Kévin, mais jusqu'à l'année dernière on en mettait toujours. Ce que les gens disent c'est que ce n'est pas bien de laisser voir son sexe. Je ne sais pas pourquoi, mais on faisait comme tout le monde et moi aussi je croyais que ce n'était pas bien. Puis mes parents ont changé d'avis.


- Et il y a beaucoup de gens qui pensent que les seins des femmes ça fait aussi partie du sexe, et les fesses aussi, et que ça doit être caché, je ne sais pas pourquoi, conclut Morgane.


- C'est ce que nos parents avaient cru comprendre, reprend Rou. Mais nous ne savons toujours pas pourquoi, et si vous ne savez pas non plus …


- En fait il y a aussi des gens qui pensent que c'est Dieu qui défend d'être tout nus, rectifie Morgane, se ravisant.


- Dieu ? interroge Lou.


- Dieu, c'est celui qui a créé l'univers, explique Morgane.


- Mais moi mes parents disent que ce n'est pas sûr qu'il existe, dit Kévin.


- Et moi, les miens y croient, mais ils ne croient pas qu'il défend d'être tout nus, reprend Morgane.


- C'est bizarre, dit Rou. Quand nous sommes allés voir nos grands parents ils nous ont expliqué que sur notre planète aussi il y a des gens qui croient que nous avons été créés par quelqu'un, ça doit être la même chose que ce que vous appelez Dieu. Mais eux, ils disent que comme il nous a créés il veut que nous restions. Qu'il défend de couvrir sa peau de quelque chose.


- Tout le contraire ! C'est marrant ! s'exclame Morgane.


- Mais je trouve que c'est plus logique conclut Kévin. Si il y a un dieu qui nous a créés, c'est plus logique qu'il veuille qu'on reste comme il nous a faits que le contraire !


- Quand même, observe Morgane, moi j'aimerais pas que ce soit défendu de s'habiller. En général, quand il ne fait pas froid, je préfère rester toute nue, mais je trouve que les vêtements aussi c'est joli et j'aime bien en mettre quelquefois. Et j'aimerais pas non plus être toute nue là où tous les autres sont habillés, même si c'était pas défendu.


- C'est vrai que tu es jolie aussi quand tu es habillée, dit Kévin en se penchant pour lui faire une bise sur l'épaule. Et Maman aussi.


- Merci, dit Morgane en rougissant un peu. Mais ça ne doit pas intéresser Lou et Rou. Donc je résume… Vous et nous on est nés le même jour, on peut se rencontrer tout nus sur cette plage sans problème et il nous est déjà arrivé de nous déplacer instantanément dans l'espace et le temps. Après ?


- C'est ça, approuve Lou. C'est pour cela que nos parents ont pensé que peut-être on pourrait faire une exception et essayer un contact direct entre nous.


- Nous ne nous faisons pas remarquer, explique Rou, parce que nous n'utilisons pas un vaisseau pour arriver près de vous, et parce que cela n'étonne personne à cet endroit que nous ne portions aucun vêtement. Vous acceptez tout de suite de jouer avec nous parce que nous sommes des enfants comme vous. Il faut seulement quand vous êtes habitués à nous que vous vous rendiez compte que nous sommes différents, alors nous restons longtemps dans l'eau. En plus, comme il vous est déjà arrivé quelque chose de bizarre vous n'êtes pas trop bouleversés de rencontrer des extra-terrestres, comme vous dites.


- Ça, c'était le plan, il y a un an intervient Lou. Et nos parents disaient que peut-être cela intéresserait les habitants de votre planète de savoir comment nous avions résolu le problème du CO2. Ils hésitaient et peut-être ils allaient se décider mais tout d'un coup vous n'êtes plus venus sur cette plage.


- Vous auriez peut-être pu venir nous voir dans le passé ? risque Kévin.


- Ça, ce n'est pas possible, répond Lou. Quand nos parents ont compris que nous pouvions aller dans le passé ils ont été très surpris, mais ensuite ils ont construit une théorie scientifique. C'est trop compliqué pour que nous comprenions, mais la conclusion c'est qu'on peut aller dans le passé d'avant notre naissance, mais pas d'après.


- Parce que ce n'est pas possible d'être à deux endroits en même temps, explique Rou. Avant notre naissance c'est possible d'être quelque part parce qu'on n'existait pas ailleurs. C'est pour ça aussi qu'on peut revenir juste au moment où on est parti. Mais c'est pour ça aussi qu'on est invisible. Sinon, la théorie ça parle de champs magnétiques et d'ondes porteuses, nous on n'y comprend rien.


- Alors nous pensons que l'occasion est passée, reprend Lou. Mais nos parents disent que beaucoup de gens viennent l'été pour se baigner dans la mer à cet endroit et reviennent au même endroit une année plus tard. Alors nous espérons que vous reviendrez et cela nous donne du temps pour apprendre votre langue.


- Nos parents sont contents que nous fassions le travail pour l'apprendre. Et nous surveillons cette plage quand l'été est revenu et ce matin, enfin vous êtes là, alors nous arrivons sans perdre de temps, conclut Rou.


- À propos de temps … c'est vrai que le soleil commence à être haut s'avise soudain Morgane. Et on a promis de se remettre de la crème. Viens Kévin. Attendez-nous, on revient tout de suite.


Pendant que tous deux vont s'enduire consciencieusement, les jumeaux extra-terrestres se roulent un instant dans l'eau puis les observent avec curiosité.


- Pourquoi faites-vous cela ? interroge Lou quand Morgane et Kévin les rejoignent.


- Parce que le soleil brûle notre peau si on reste trop longtemps sans protection, répond Morgane. Vous en voulez ?


- Oh non ! répond Rou vivement. Notre peau à nous a besoin d'être mouillée mais il ne faut pas mettre dessus autre chose que de l'eau.


- C'est vrai, j'oubliais qu'elle vous sert aussi à respirer dans l'eau, dit Morgane.


- Respirer, ce sont surtout les cheveux, précise Lou. Mais surtout … je crois que là vous allez être surpris, parce que, en quelque sorte c'est cela notre message. Avant la grande mutation, les habitants de notre planète étaient tout à fait semblables à vous, mais depuis la grande mutation génétique, notre peau est en quelque sorte végétale.


- Végétale ! s'exclament à l'unisson Kévin et Morgane.


- Oui, enchaîne Rou. Ça veut dire qu'à la lumière elle absorbe le gaz que vous appelez CO2 et elle produit celui que vous appelez oxygène et qui est nécessaire pour la vie du reste de notre corps.


- Et nous pensons que ça pourrait vous être utile puisque votre civilisation a produit trop de CO2, continue Lou. Mais comment, c'est plus compliqué. Il faudrait que nos scientifiques expliquent cela aux vôtres, si cela les intéresse. Peut-être si vous nous connaissiez mieux vous pourriez leur en parler et ensuite peut-être ils pourraient communiquer.


- En fait, reprend Rou, ce qui serait bien, ce serait que vous veniez dans notre vaisseau, voir des images de notre façon de vivre, ou peut-être même sur notre planète puisque vous êtes capables de voyager comme nous. Nos parents pensent que peut-être si vous pouvez raconter cela à vos scientifiques ils auront envie d'apprendre davantage.


Il se passe un long moment avant que Morgane réponde :


- On ne peut pas faire ça sans en parler à nos parents. Et puis, c'est sûr, ça, qu'on peu voyager comme vous et qu'on aurait pas de problème pour revenir ?


- On peut peut-être faire un essai sans risque, dit Kévin. Juste aller chez ta grand-mère. Vous croyez qu'on pourrait, vous ?


- Chez elle, explique Morgane, Mamie ne reste pas toute nue en général, à part pour se baigner, et mes parents, ça dépend. Comme on est obligé de s'habiller pour sortir, souvent ils gardent plus ou moins leurs habits quand ils rentrent mais nous non. On reste nus presque tout le temps, alors pour vous, pas de problème.


- Est-ce qu'il y a une image de cet endroit à laquelle vous êtes capables de penser très fort tous les deux en même temps ? demande Lou.


- Et où on pourrait arriver sans rien casser ? précise Rou.


- La petite piscine, propose Kévin.


- Oui, c'est une bonne idée, dit Morgane.


- Oui, dit Rou, surtout s'il y a de l'eau. Bon. Il faut vous tenir par la main. Et si vous voulez que nous fassions l'essai ensemble, il faut nous donner la main, à nous aussi.


Morgane et Kévin ont une hésitation : depuis qu'ils sont ensemble, eux et les extra-terrestres ne se sont jamais encore touchés. Lou semble avoir deviné leur inquiétude.


- Nous pensons que nous pouvons nous toucher, dit-elle. Sur notre planète il y a encore des gens qui sont comme vous et on peut les toucher.


Kévin et Morgane se donnent la main. En face d'eux, Lou et Rou en font autant et tendent vers eux leurs mains libres.


- Vos doigts sont palmés ! s'étonne Kévin. Regardez : les nôtres non !


- Vous n'aviez pas encore remarqué ? dit Lou. Cela fait partie de la mutation : c'est une adaptation à la vie dans l'eau.


Kévin et Morgane se consultent du regard puis, ensemble, se décident à saisir les mains tendues.


Et rien ne se produit. Le contact est une sensation un peu étrange, mais tout va bien.


- Maintenant, dit Rou, pensez très fort à l'endroit où vous voulez aller.


- Attendez ! dit Morgane. Ici il y a plein de gens qui nous voient ! Si on disparaît tout d'un coup, ça va faire du bruit ! Il vaut mieux qu'on aille dans les dunes, trouver un coin plus discret !


- C'est vrai, dit Lou en lâchant la main de Kévin. Je crois que nous allions faire une bêtise. Nous vous suivons.


Rou lâche à son tour la main de Morgane, tandis que Kévin va chercher sur la plage frisbee, serviettes, paréo et bermuda qu'il remet dans le couffin avant de s'en passer les poignées à l'épaule. Puis tous quatre escaladent le premier cordon de dunes et vérifient que personne ne les voit avant de se reprendre par la main.


Quelques secondes, le temps de se concentrer et tout à coup… les voilà tous les quatre disparus.

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