mardi 23 juin 2009

"Pas cap" suite et fin

Envoyé en pièce jointe, « Un orage d’avril » était accompagné de ce petit message :

« Voici l’histoire que je vous avais promise. Quand vous aurez fini de la lire, si vous avez envie d’en parler appelez-moi. Peut-être est-ce un peu tôt, mais je serais plus particulièrement disponible pour vous répondre si vous m’appeliez mercredi après-midi. »

Jeanne travaillait chez elle, ce qui lui permettait de s’organiser assez librement. Elle s’est donc donné le temps de lire l’histoire dès l’après-midi, et tout de suite après, elle a fait un mail à la maîtresse.

Il faut dire que si les enfants n’étaient pas tout de suite revenus à la charge, non, les maillots, ils en avaient toujours mis, ils pouvaient continuer, le samedi, Marion avait quand même demandé à sa mère :

- Maman, pourquoi l’autre jour c’est vous qui nous avez poussés dans la piscine tout nus et maintenant c’est pas permis de recommencer ? Je comprends pas.

- Tu en as tellement envie ?

- Pas vraiment tant que ça, mais quand même. Moi ça me plaisait bien d’être toute nue dans l’eau, et même pour jouer au soleil. Et Marco, il dit la même chose et son zizi ou ma foufoune, bon, on les a vus et puis c’est tout. On va pas rester à les regarder ! C’est pas intéressant ! Alors je comprends pas pourquoi on peut pas.

- Écoute, avait répondu Jeanne, je trouve que tu n’as pas tout à fait tort mais pour l’instant ton père n’est pas d’accord et la maman de Marco pas trop non plus. Mais on en discute et … si on change d’avis, on vous le dira. D’accord ?

Marion avait sûrement fait passer le message à Marco et dès lors les deux enfants n’en avaient plus parlé.

Jeanne a donc écrit à la maîtresse :

« Merci beaucoup pour cette jolie façon de me dire que vous êtes favorable au naturisme. Comme je vous l’ai expliqué nous, les parents de Marion comme ceux de Marco, ne sommes pas naturistes et pour mon mari le mot seul suffirait à priori à vous disqualifier. Personnellement je n’y suis pas aussi opposée que lui et j’avoue que cette histoire me fait voir le naturisme sous un jour auquel je ne m’attendais pas. Je la ferai lire aux parents de Marco et à mon mari, mais je ne suis pas certaine qu’elle suffise à nous faire prendre une décision unanime en ce qui concerne nos enfants. J’aimerais donc beaucoup en reparler avec vous.

Je suis d’accord pour vous téléphoner ce mercredi après-midi. Cela me sera d’autant plus facile que les enfants sont invités à un anniversaire. Mais Marion m’a dit que, de votre côté, vous avez des jumeaux qui sont en CP et je me permets donc de vous faire une proposition : si vous pouviez venir chez moi ils pourraient profiter de notre piscine et nous serions plus à l’aise pour bavarder pendant ce temps. Qu’en pensez-vous ? »

La réponse est arrivée le soir même : « Entendu pour mercredi. »

Et le mercredi vers trois heures, la maîtresse est arrivée, accompagnée d’une petite fille et d’un petit garçon de six ans et demi. Après les présentations et les bisous de rigueur, les deux enfants se sont tout de suite déshabillés. En petit slip de bain, ils ont aussitôt plongé comme des nageurs chevronnés.

- Ils sont mignons ! s’est exclamée Jeanne. Comment s’appellent-ils ?

- Paul et Sophie, a dit la maîtresse.

- Paul et Sophie … ces deux prénoms ensemble, attendez, qu’est-ce que ça me rappelle ?

- La Comtesse de Ségur !

- Bien sûr ! « Les malheurs de Sophie », et les suites … J’ai adoré quand j’étais petite. Vous aussi ? Mais au fait, comme vous voyez les seuls voisins qui ont vue sur notre jardin sont les parents de Marco, qui habitent la maison mitoyenne et qui ne sont pas là. Donc, si vos enfants ont l’habitude de se baigner nus, puisque vous semblez être pour, ce n’est pas moi que ça gênera.

- Ils ont l’habitude de se conformer aux usages du lieu, a répondu la maîtresse en souriant, mais si vous les y autorisez …

Et, s’approchant de la piscine, elle a simplement dit :

- Les enfants ! … C’est permis !

Et les deux petits n’ont pas perdu un instant pour sortir de l’eau, ôter leurs slips de bain, les essorer et les mettre à sécher sur les dalles avant de replonger.

- Comme ils sont soigneux ! Et c’est vrai aussi que c’est joli ces petits corps tout bronzés sans marques, a observé Jeanne.

- Nous n’avons pas de vraie piscine a expliqué la maîtresse. Juste une toute petite gonflable sur notre terrasse, guère mieux qu’une baignoire mais au soleil : nous habitons un appartement mais au dernier étage. Ils en profitent quand même au maximum mais une vraie piscine, c’est une aubaine pour eux. Ils adorent nager.

- Ça fait plaisir à voir ! Je vous sers une boisson fraîche ? Ou un café ?

- Pas pour l’instant, si vous voulez bien… Alors ? Où en étions-nous ?

- Hé bien je vous disais que j’avais bien aimé votre façon de me dire que vous étiez …

- Naturiste, oui. Vous comprenez, vous conseiller de laisser vos enfants se baigner tout nus sans le dire n’aurait pas été honnête, et le dire comme ça tout cru risquait de vous braquer. Mais je précise que rien ne permettrait à mes élèves ou à leurs parents de le soupçonner. En tant qu’institutrice je n’ai pas à vouloir les influencer. C’est seulement la question que vous m’avez posée et surtout la manière de la poser qui m’ont décidée à en parler avec vous.

- Bien vu. Bien vu et honnête ! Vous pouvez compter sur ma discrétion bien entendu. Et c’est vrai que cette histoire qui montre comment une gamine de l’âge de Marion devient naturiste avec un petit copain qui, lui, est tombé dans la marmite, ça donne à penser sur la façon dont les nôtres réagissent à la nudité. J’ai trouvé ça très mignon et moi, personnellement, je les laisserais bien faire comme ils veulent. Le père de Marco est du reste de cet avis. Mais mon mari est assez braqué. Il dit qu’une de ses ex avait été élevée par des parents naturistes genre soixante-huitards irréductibles, qui vivaient nus chez eux et obligeaient leurs enfants à faire de même. Et qu’elle en avait été dégoûtée définitivement.

- Il y a des intégristes indécrottables partout vous savez !

- Bien sûr ! Moi, je ne sais pas si c’est parce que ça vient d’une de ses ex, mais dès qu’il m’a raconté ça, j’ai eu tendance à ne pas être d’accord ! Plaisanterie à part, dans votre histoire les parents de Quentin ont l’air tout à fait raisonnables. Mais après tout ce n’est qu’une histoire… Que vous avez trouvée sur le net, m’avez-vous dit ?

La maîtresse sourit :

- J’avoue que j’ai triché. C’est dans ma tête qu’elle était et il m’a fallu le temps de l’écrire. C’est pour ça que je vous ai un peu fait attendre. Mais de toutes façons il ne s’agit pas pour vous de devenir naturistes ! Seulement de savoir si vous pouvez laisser Marion et Marco, qui ont sept ans et demi et se connaissent bien, se baigner tout nus ensemble !

- C’est vous qui l’avez écrite ? Bravo ! Donc vous avez voulu démontrer que pour des enfants de cet âge la réponse est oui. Mais … ils vont grandir ! Jusqu’à quel âge le leur permettre ?

- Pourquoi fixer dès à présent des limites ? Peut-être un jour n’en auront-ils plus envie ! Et sinon …

- Votre histoire, vous, comment la continueriez-vous ?

- J’ai écrit que ça a duré longtemps. En fait, lorsqu’ils sont entrés au collège, Fleur comme les autres enfants de son village aurait dû aller en internat. Alors les parents de Quentin ont dit à Mamie que, pensionnaire pour pensionnaire, elle pourrait aussi bien prendre pension chez eux et aller au même collège que Quentin, ce qui fait qu’ils ont continué à vivre ensemble comme frère et sœur, sans aucun problème avec la nudité.

- C’est dans la logique de votre histoire mais … avec la puberté, j’ai des doutes !

- C’est pourtant une histoire vraie !

Jeanne regarde la maîtresse, hésitant à comprendre. Celle-ci sourit.

- N’allez pas le raconter mais … Mon prénom est Camélia, et comme ma grand-mère ne l’aimait pas elle a transposé : le camélia est une fleur, n’est-ce pas ?

- Ah bon !… Et … Quentin ?

- Quentin est finalement devenu mon mari mais … ce n’était pas du tout inéluctable ! En fait, je vous l’ai dit, nous étions comme frère et sœur. Des frère et sœur très proches mais pas du tout incestueux, rassurez-vous. Ce qui nous est arrivé ensuite est classique : après le bac, Quentin est parti un an en Australie, en stage chez son oncle qui y a un restaurant. Nous avons échangé des quantités de mails et c’est quand il est revenu que … nous sommes repartis sur d’autres bases. Mais nous aurions très bien pu faire notre vie chacun de notre côté.

- Votre histoire est ravissante … Puis-je vous appeler Camélia ? Ou Fleur ?

- Quentin m'appelle Fleur, et mes collègues Camélia parce qu’ils ont lu mon nom officiel avant de me connaître. Choisissez ! Ou choisis, on peut peut-être se tutoyer ?

- Volontiers, moi c’est Jeanne. Bon alors Fleur, si tu veux bien. Moi c’est quand même la puberté qui m’inquiète.

- Alors je te raconte. Quand j’ai commencé à avoir des petits seins et des poils, Quentin avait beau avoir quatre mois de plus que moi, chez lui il ne se passait rien. Et du coup je n’avais qu’à le regarder pour savoir que j’étais encore une petite fille. Ce que j’étais dans ma tête, parce que je n’ai commencé à me sentir un peu jeune fille qu’aux premières règles, et encore. Et là Quentin avait aussi commencé à changer, assez brutalement. Mais… Comment dire ? … Je crois que nous avons pris acte de nos transformations physiques tout en continuant à ne pas prêter d’attention particulière à nos corps, même quand nous étions nus ensemble. Sans doute parce que c’était tous les jours ou presque : la douche était restée un rituel entre nous. Avec les autres nous avions des comportements ordinaires d’ados, mais ensemble sous la douche nous avions toujours huit ans. Et ça, ça a continué jusqu’à ce qu’il parte pour l’Australie.

- Ce n’est tout de même pas banal ! conclut Jeanne, rêveuse. Bon, dis, ça ne te donne pas soif de parler ? Qu’est-ce que je te sers ?

- Juste un peu d’eau fraîche, si tu veux bien.

- Je vais en chercher. Au fait, si pendant ce temps la piscine te tente, ne te gêne pas ! Et … avec ou sans maillot, comme tu préfères !

- Ça ne te gênerait pas ? Vraiment ?

- Bah ! Entre filles … Enfin, il y a ton fils, mais je suppose que ce n’est pas un problème pour toi !

Quand Jeanne est revenue avec une bouteille d’eau fraîche et des verres, Fleur nageait avec ses enfants.

- Tu ne viens pas ? a-t-elle demandé à Jeanne. Avec ou sans maillot, comme tu préfères, toi aussi. L’un ou l’autre, ce n’est pas un problème pour nous.

Jeanne a apporté un verre d’eau à Fleur en lui disant :

- Je reviens.

Et elle est revenue apportant des serviettes et vêtue d’un paréo. Quand elle l’a abandonné au bord de la piscine, Fleur a vu qu’elle n’avait mis dessous que le bas d’un maillot, avec lequel elle a nagé un moment. Puis, dans l’eau, elle l’a retiré.

Pendant quelques minutes les deux jeunes femmes ont savouré le plaisir de la baignade sans rien dire. Puis les enfants ont commencé à les inclure dans leurs jeux, leur mère d’abord, évidemment, mais bientôt Jeanne aussi.

- Ils ne t’ennuient pas au moins ? s’est inquiétée Fleur.

- Mais non bien sûr ! a répondu Jeanne. Tu sais, avec Marion et Marco j’ai l’habitude ! …À part qu’on a des maillots…

- Mais au fait, quand j’y pense, a-t-elle repris un peu plus tard, ton histoire, c’est une amitié d’enfance qui finit par un mariage, bon ! Au fond est-ce que ça aurait été vraiment différent si vous n’aviez jamais été nus ?

- Je me suis quelquefois posé la question, dit Fleur. En fait cette nudité, c’est un peu paradoxal. Au départ pour Quentin, c’est quelque chose qui se fait dans sa famille et, en famille, avec d’autres familles, mais qui reste normalement secret. En me la proposant, il m’y inclut. Il me donne même la place de la cousine qui est partie et qu’il adorait. Moi, pour qui, contrairement à lui, elle est transgressive, au moins tant que Mamie n’a pas levé l’interdit, je l’accepte parce que j’ai envie de cette place. Elle est donc bien le signe de notre pacte d’amour, comme pour des adultes textiles et monogames, mais tout en étant exempte d’implications sexuelles étant donné notre âge. Nous sommes amoureux, mais comme on l’est à cet âge : une sorte de fraternité d’élection. Et cette coloration fraternelle survit à la puberté parce qu’entre nous, du fait même de sa banalité la nudité reste exempte d’implications sexuelles. Adolescents, nous pensons évidemment au sexe, comme les autres. Peut-être un peu moins quand même : nous n’étions pas obsédés par l’envie de voir des sexes dénudés. Mais les partenaires sexuels potentiels ce sont les autres. Notre relation, à nous, est plus ancienne et différente. Du reste elle ne s’exprime pratiquement pas par le contact physique. Je ne sais pas si tu l’as remarqué mais, passée la petite enfance, frères et sœurs sont rarement câlins.

- C’est vrai, dit Jeanne. Avec mon frère on n’a qu’un an de différence et on était très proches mais on ne se touchait guère que pour se bagarrer. Par jeu, bien sûr. Et là en revanche, on se touchait comme ça tombait. On y allait franco et tant pis si une main se retrouvait sur un endroit … tabou ! Par contre passés les trois-quatre ans on ne se voyait plus nus.

- Je crois qu’en fait … ça va te paraître paradoxal mais … L’interdit social de la nudité, il vient de ce qu’on l’assimile systématiquement à la sexualité. D’accord ?

- Oui, probablement.

- Donc les parents qui interdisent à des frères et sœurs de se voir nus se conduisent comme si ils pouvaient être l’un pour l’autre des partenaires sexuels et, par là, les engagent dans une certaine mesure à envisager la chose comme possible. Interdite, certes, mais possible. Alors que pour Quentin et moi ça ne nous venait même pas à l’esprit. Plus tard, il a fallu cette sensation de manque, malgré les mails quasi quotidiens, lorsque nous avons été séparés, pour que nous nous rendions compte que notre besoin l’un de l’autre était aussi physique. Quand il est revenu nous avons ressenti un besoin compulsif de nous étreindre et quand nous l’avons fait… Il nous a bien fallu admettre que ce n’était plus du tout exempt d’implications sexuelles. Et que, n’étant pas frère et sœur, nous n’avions pas de raisons de nous les interdire. Nous avons hésité pourtant. Nous craignions de perdre quelque chose… Mais au fond ce que nous avions à perdre, c’était notre enfance et il était temps.

- Qu’est-ce que j’aimerais être capable d’expliquer les choses comme ça ! Quand je t’écoute je suis obligée de penser que tu as raison alors que c’est peut-être seulement que tu parles trop bien !... Mais en fait j’ai envie de te croire. Et la conclusion évidente c’est que pour Marion et Marco … il n’y a qu’à les laisser faire. Remarque, le père de Marco était déjà de cet avis. Sa mère un peu plus réticente mais… avec ton histoire et tes commentaires, j’en fais mon affaire. Reste mon mari. Lui c’est pas facile de le faire changer d’avis. Quand il dit que sa fille n’a pas à montrer sa foufoune …

- Écoute… En résumé j’ai deux arguments pour lui. D’abord mon histoire pourra lui montrer que les naturistes ne sont pas forcément des tordus. J’espère ! Ensuite … mets y les formes mais … que la foufoune de sa fille ne lui appartient pas, si tu vois ce que je veux dire. Attends, je ne soupçonne pas de tendances pédophiles les pères qui tiennent à ce que leurs filles cachent leur foufoune ! Ça en ferait beaucoup ! Peut-être juste un peu machos. Propriétaires des femelles de la tribu, même de celles à qui on ne touche pas. Et plus d’elles que des mâles, remarque bien. Ce n’est pas un hasard si les papas acceptent beaucoup plus facilement que leurs fils ne cachent pas leur zizi. Ton mari doit comprendre que la foufoune de sa fille, elle lui appartient à elle. Et bien sûr il faut la protéger, la mettre en garde en lui apprenant à ne pas la montrer à n’importe qui. Mais franchement, un petit copain de sept ans et demi avec qui elle joue depuis toujours … Je ne sais pas pourquoi je dis montrer d’ailleurs. Elle n’est pas exhibitionniste que je sache. Ne pas cacher et montrer, ce n’est pas la même chose tout de même !

- Eh mais c’est que tu te passionnes !

- Excuse-moi. Tu sais pour moi l’équilibre des enfants c’est … Et en plus c’est vrai que quand tu m’as parlé de cette envie des vôtres, forcément j’ai pensé à Quentin et moi, alors …

- Tu es trop mignonne ! Mais dis-moi, je commence à avoir un peu froid. Tu fais ce que tu veux mais moi je sors.

Jeanne est sortie, s’est séchée et a remis son paréo.

- Tu en veux un ?

- Merci mais je vais me rhabiller tout de suite en sortant de l’eau parce que l’heure tourne et je ne voudrais pas m’incruster. Allez les enfants ! On sort.

- Déjà ? protestent-ils en chœur.

- Vous reviendrez j’espère a dit Jeanne, en regardant avec un sourire Fleur s’affairer à sécher ses jumeaux.

- J’ai fait une exception parce que tu m’as dit que les vôtres n’étaient pas là, sinon j’évite ce genre de situation avec mes élèves, dit Fleur.

- Je te comprends. Mais alors ça, ce n’est plus qu’une affaire de trois semaines ! Après … Ça me ferait vraiment plaisir tu sais.

- Moi aussi.

- Et en attendant, tu pourrais peut-être me laisser les petits un après-midi ? Avec Marion et Marco, ça ne leur fait jamais qu’un an de différence !

- Oh oui ! s’écrie la petite.

- Marco et Marion, on les connaît un peu, explique son frère. On les aime bien !

- Écoute, dit Jeanne, il me vient une idée. Si j’arrive à décider Laurent, ce serait super…

Jeanne a expliqué son idée à Fleur et elles ont convenu que, si elle y arrivait, on ferait comme ça.

C’est ainsi que le samedi après-midi, Quentin et Fleur ont déposé les jumeaux chez Jeanne en allant faire leur marché de la semaine.

L’histoire de Fleur avait suffi à séduire Patricia. Quant à Laurent, son dernier argument, rapporté par sa femme, l’avait fait sérieusement réfléchir. Et il avait fini par dire :

- Bon, ça va ! Qu’ils fassent comme ils veulent !

Quand Jeanne avait demandé devant lui à Marco et Marion s’ils voulaient bien que les jumeaux de la maîtresse viennent jouer avec eux, il lui avait dit en aparté :

- Attends, qu’est-ce que tu me fais là ? On avait dit d’accord pour eux deux mais …

- Ils ont six ans et demi, les jumeaux ! avait répondu Jeanne.

- Bon ! Je suppose qu’il est trop tard pour changer d’avis mais … Enfin, va pour cette fois et après … on verra.

Comme convenu, Paul et Sophie avaient été déposés devant la porte sans autre forme de procès. Arrivés dans le jardin, ils ont fait la bise à Jeanne, puis à Laurent, puis à Patricia et Jean-Luc, puis à Marion et Marco, sortis de l’eau pour les accueillir. Puis, sans plus attendre, ils se sont déshabillés.

Quand ils en sont arrivés aux slips, ils ont regardé Marco et Marion, ils ont dit :

- Pas cap !

...et ils les ont ôtés avant de plonger.

Médusés, Marion et Marco ont regardé leurs parents. Laurent a dit :

- Ben alors quoi ? Qu’est-ce que vous attendez ?

Et Patricia a ajouté :

- Fastoche, non ?

- Génial ! s’est écrié Marco en se débarrassant de son bermuda, tandis que Marion allait faire un gros bisou à son papa en même temps qu’elle commençait à ôter son maillot.

- Attention ! a précisé Jeanne. Sophie et Paul sont habitués comme ça et ils ont été nos complices pour la surprise, mais quand vous aurez d’autres copains, pas question de se mettre tout nus !

- Et on ne joue plus jamais à « pas cap » ! a ajouté Patricia.

Lorsque, deux heures plus tard, Fleur est passée récupérer ses enfants, c’est Laurent qui l’a accueillie.

- Vous avez gagné ! lui a-t-il dit en lui tendant la main avec un large sourire. Vos enfants sont adorables et ils ont l’air de bien s’entendre avec les nôtres. Vous pouvez nous les laisser quand vous voulez !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Toujours aussi mignon et merveilleusement simple. Merci.
Luc.