lundi 27 juillet 2009

Petit à petit ...


- Papa a toujours eu une certaine tendance à la procrastination.

- La pro quoi ?

- La procrastination, Papa. C’est la tendance à toujours remettre à plus tard.

- Et d’où tu sors des mots pareils ?

- J’ai entendu ça dans « Questions pour un champion » et Maman a dit que c’était tout toi !

- Sympa !


Il m’énerve le chtroumpf à lunettes. Je l’aime, mais il m’énerve. Elle n’a peut-être pas tout à fait tort, sa mère, mais il pourrait éviter de me casser devant Valérie ! C’est vrai qu’il y a flagrant délit. Elle reprend, résignée, pas vraiment hostile :

- C’est pas un problème de vocabulaire, mon chéri. Détourne pas la question. Tu lui en as pas parlé.

- Ben … non.

- C’est pas vrai ! Tu sais pourtant bien qu’il fallait ! Toi, tu cherches les emmerdes ! Et comment on fait maintenant ?

- On peut pas arranger ça entre nous ? Si chacun fait comme il veut, où est le problème ? Ça t’en pose vraiment un à toi, Enzo, de nous voir tout nus ? Tu nous a déjà vus, ta mère et moi, non ?

- Ah parce que vous aussi vous comptez … Oui euh … Enfin Maman et toi ça, il y a longtemps et … Toi, oui, des fois, quand on va à la piscine ensemble mais Maman… Quand j’étais petit, il me semble, elle venait avec moi dans mon bain des fois mais ça, c’était il y a vraiment longtemps… Sinon un problème, non, euh… pas vraiment. Juste je m’attendais pas à ça mais … Si je suis pas obligé de faire comme vous …

-Tu vois !

- Écoute Patrick ! Tu m’as bien dit que sa mère est plutôt coincée de ce côté, non ? Excuse-moi, Enzo, c’est pas pour en dire du mal, mais on fait le point. Alors passe pour les enfants mais quand elle saura que pendant quinze jours tu auras imposé …

- Imposé …

- Imposé ! C’est ça qu’elle dira ! Imposé à son fils de onze ans la vue de ta concubine et toi à poil la moitié du temps ! Comment tu crois qu’elle va réagir ?

- …Elle est peut-être pas obligée de le savoir !

- C’est vrai, ça ! intervient Enzo.

Au fond de lui, je ne sais pas trop comment il le prend, mais apparemment il a plutôt envie d’arranger les choses.

- Ah non ! tranche Valérie. Pas question de le pousser à mentir à sa mère. Si on veut avoir des relations normales il faut jouer cartes sur table.

C’est ça que j’aime chez Valérie. Enfin … entre autres choses. Elle ne triche pas. Moi… J’admire.

- Alors qu’est-ce que tu proposes ?

- Elle t’a bien donné un téléphone où la joindre en cas de problème, non ?

- Oui.

- Alors vous vous expliquez tous les trois. Moi, que ton fils n’ait pas envie d’être nu, je veux bien. Même, si tu veux faire comme lui, ça te regarde. Mais pour les petits, en vacances ici ça a toujours été tout nus, alors pour lui on peut toujours leur dire qu’il n’a pas l’habitude, à la rigueur que toi tu étais habitué comme ça avec lui, même si quand il n’est pas là … Mais moi, ils ne comprendraient pas, et franchement … ça m’empoisonnerait.

- Moi aussi ça m’embêterait qu’est-ce que tu crois. J’y ai pris goût avec vous ! Non, on va lui téléphoner … Elle va comprendre la situation … Après tout il n’y a rien de mal et… elle est un peu coincée pour ce qui la concerne mais pas idiote !

- Alors vas-y, appelle.

- Maintenant ?

- Tu veux attendre quoi ?

Elle a raison. Cette fois, il faut me décider. Je fais le numéro …

- Allo ! … C’est sur messagerie … Bon alors … Allo, Marie-Odile, c’est Patrick. T’inquiète pas il n’est rien arrivé à Enzo mais … Si tu peux me rappeler, il y a un petit problème pour lequel on a besoin de ton avis. Dès que tu peux. À plus !



Bon. Ça me fait encore un petit sursis.

Vous avez tout compris, j’imagine. Je vais quand même résumer.

J’ai eu Enzo avec Marie-Odile. Puis assez vite ça n’a plus très bien marché entre nous, alors nous avons commencé par éviter de faire un autre enfant, puis nous avons divorcé, quand il avait six ans, en restant plutôt en bons termes. Pour Enzo, j’ai accepté le régime courant : un week end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Jusqu’à cette année, ni elle ni moi n’avons rien reconstruit de sérieux et nous nous sommes donc toujours arrangés sans difficulté pour le tenir à l’écart de nos relations amoureuses.


Mais cette année j’ai rencontré Valérie. Elle m’a dit tout de suite qu’elle avait trois enfants et que, tant que le dernier ne serait pas adulte, ils auraient toujours la priorité. J’ai trouvé ça normal. Pour pouvoir la voir autant que j’en avais envie, il ne me restait donc qu’à me faire accepter par eux. Il y a d’abord Noémie, née d’un mariage qui a tourné un peu comme le mien mais encore plus rapidement. Elle a treize mois de plus qu’Enzo. Puis Benoît, neuf ans et Vanessa, huit, dont le père est parti vivre en Nouvelle Calédonie avec une autre femme il y a cinq ans et ne s’intéresse plus guère à eux.


Au printemps dernier, pour me les faire rencontrer, profitant de quelques jours de douceur précoce elle m’a donné rendez-vous à Héliomonde. Ça, c’est tout elle : comme ça les points sont tout de suite sur les i. Valérie et ses enfants sont naturistes. Moi … Avant Marie-Odile, quelques bains de minuit avec des copains … et des copines, bien sûr, en vacances. Quelques expériences sur les plages espagnoles aussi … J’aimais plutôt bien mais Marie-Odile était carrément contre et je n’avais pas insisté. Et il avait raison Enzo : la dernière fois qu’il l’avait vue nue il ne devait pas encore avoir quatre ans. Du coup dès qu’il avait su se laver seul elle ne l’avait plus guère vu non plus et, elle me l’avait dit incidemment, depuis trois ou quatre ans il y veillait avec grand soin. Et même quand je l’emmenais à la piscine, j’avais bien remarqué qu’il ne se changeait que sous sa serviette.


Donc Héliomonde, je n’y étais jamais allé mais je savais de quoi il s’agissait. Elle devait y être avant moi avec ses enfants et je devais l’appeler sur son portable depuis l’accueil pour qu’elle vienne m’y chercher.


Je l’avais déjà vue nue évidemment, mais la voir arriver là, en plein air, dans une allée où passaient d’autres personnes nues qui ne paraissaient pas s’en rendre compte, c’était autre chose. Complètement autre chose. Elle m’a dit :


- Les enfants nous attendent au bord de la piscine. Tu te déshabilles dans ta voiture ? Prends quand même une serviette ! J’ai laissé la mienne avec eux.


Quelques centaines de mètres sous les arbres. On croise des gens de tous les âges aussi naturels que s’ils étaient vêtus. Quand nous franchissons le portillon de la piscine, trois enfants viennent vers nous. Valérie fait les présentations. Vanessa et Benoît tendent leurs visages vers moi pour un bisou puis reculent pour me dévisager avec curiosité. Noémie s’avance plus timidement. Une ravissante petite nymphe, telle que devait être sa mère au même âge, dont le corps n’est déjà plus tout à fait celui d’une enfant. Mais il ne fait aucun doute que ce n’est pas ce qui la gêne. Elle me tend la main et je n’ai pas besoin de me forcer pour lui sourire en la serrant avec toute la cordialité que je peux. Même si je me sens un peu bête.


Une journée édénique. Quand nous nous quittons, les petits s’accrochent à mon cou pour m’embrasser et Noémie me tend sa joue.

- Je crois que l’examen est réussi : tu pourras venir à la maison ! me souffle Valérie à l’oreille en m’embrassant à son tour.


Et c’est comme ça que, quelques semaines plus tard, nous avons envisagé de passer un mois ensemble cet été dans la villa avec piscine de ses parents, dans l’arrière-pays niçois. Les trois premières semaines ils ne seront pas là : ils vont les passer chez la sœur de Valérie, qui habite en Savoie. En principe ils nous rejoindront pour la quatrième, pour profiter un peu d’elle et de ses enfants. Je soupçonne qu’ils ont organisé ça pour nous permettre, à Valérie et moi, de faire d’abord l’expérience de la vie en couple, seuls avec les enfants. Et peut-être aussi l’idée que, si ça ne marchait pas, je pourrais toujours m’en aller discrètement avant leur arrivée. Mais ça, ça m’étonnerait parce que Val, j’ai de plus en plus de mal à imaginer ma vie sans elle et … ça a l’air réciproque. De toutes façons, elle ne m’aurait pas introduit dans la vie de ses enfants si elle n’avait pas l’intention de me garder. Quant à eux, Noémie qui a encore un papa à temps partiel (un week end sur deux et la moitié des vacances) m’accepte amicalement comme l’amoureux de sa maman, et les petits qui n’en ont pratiquement plus ont de plus en plus l’air de compter sur moi pour le remplacer. Restait donc juste à introduire Enzo dans la mayonnaise.


Le premier samedi soir de juin, je lui ai parlé de Valérie et de ses enfants, et je lui ai demandé s’il serait d’accord pour qu’on aille les voir le lendemain. Il m’a dit, avec sa gravité un peu solennelle de chtroumpf à lunettes :

- Écoute, papa, je me doute bien que Maman et toi, depuis que vous êtes séparés, vous avez déjà eu d’autres histoires quand je ne suis pas là. Donc si cette fois tu veux me la présenter, je suppose que ça veut dire que c’est du sérieux. Alors allons-y.


Ça s’est super bien passé : il s’est conduit en garçon bien élevé, un peu congelé au début mais la chaleur de la petite famille a vite fait fondre la glace. Comme toujours Val était juste, limite maternelle mais sans trop, les petits irrésistiblement expansifs, et Noémie plus réservée mais cordiale. Et peu à peu entre elle et mon Enzo il s’est établi une vraie connivence de mordus des bouquins. Au point que les petits se sont résignés à les laisser entre eux.


Le soir, en le ramenant chez sa mère, j’ai dit :

- Alors ?

Il a répondu :

- Sympas ! … Super sympas ! Sincèrement.

- Avec une mention particulière pour Noémie ?

- Euh quoi ? Tout de suite !...

Il a pris un temps, puis, honnêtement :

- C’est vrai qu’on s’entend bien… Et en plus elle est supercanon.

- Elle ressemble à sa mère ! Un clone !

- J’avais pas remarqué mais c’est vrai !

À nouveau il a pris un temps, puis, en m’adressant un sourire malicieux il a conclu :

- Donc, je te comprends !


Quant à l’appréciation de Val et des siens … C’est à l’issue de cette rencontre et avec l’accord enthousiaste des petits, plus discret mais sans réserve de Noémie qu’elle m’a proposé de l’inviter à partager nos vacances.


Il a accepté sans hésiter. Restait à établir le calendrier avec sa mère. Par chance, justement ça l’arrangeait que je le prenne pour ces quatre semaines-là parce que … enfin, c’était sa vie privée, quoi ! Ravi que tout s’arrange ainsi à souhait, j’ai oublié de parler du fait que Valérie et ses enfants sont naturistes et que, de par sa situation et les haies qui l’entourent, la villa de ses parents permet de vivre nus sans choquer les voisins. Et c’est vrai qu’elle me l’avait dit, et qu’elle m’avait bien recommandé d’en avertir Enzo, évidemment, et sa mère. Mais j’ai oublié. Enfin … Ça doit être ce qu’on appelle un acte manqué. En fait connaissant la pudeur d’Enzo et l’hostilité de Marie-Odile au naturisme je craignais leurs réactions : ces vacances-là, j’en avais trop envie et je pensais que sur place, devant le fait accompli, on trouverait bien un arrangement. Qui est-ce déjà qui disait à peu près qu’il n’est point de problème si difficile que l’absence de solution ne finisse par régler ?


Donc en arrivant à la villa où Valérie et les petits nous avaient précédés de trois jours (Noémie était chez son père et ne devait nous rejoindre que dix jours plus tard), Enzo ne savait pas encore ce qui l’y attendait. Pour venir nous ouvrir le portail Val avait revêtu un paréo, mais à peine était-il refermé les petits sont arrivés, ruisselants et nus comme au jour de leur naissance. Et c’est devant la stupéfaction qui se peignait sur le visage de mon fils qu’elle m’a dit, atterrée :

- Tu ne lui avais rien dit !

J’ai bafouillé :

- Je voulais le faire et puis … ça m’était sorti de la tête et …

- Et bien sûr tu n’en as donc pas parlé non plus à sa mère !

Et c’est alors que mon rejeton a parlé de ma tendance à la procrastination.


Pendant cette scène, les petits s’étaient d’abord regardés, surpris, puis ils avaient pris le parti de retourner à la piscine en jetant à Enzo :

- Tu viens quand tu veux ! Tu verras comme elle est bonne !

Posément, il a pris son sac dans le coffre en demandant à Valérie :

- Je le mets où ?

- Je vais te montrer la chambre : ça te fait rien de dormir avec les enfants ?

- Non, bien sûr !


Il est ressorti une minute plus tard, vêtu d’un de ces bermudas qu’affectionnent les gamins de cet âge, en disant :

- Maman m’en a mis deux, comme ça quand un est mouillé je mets l’autre. Et elle m’a mis d’autres affaires mais ça devrait le faire pour la journée et même la nuit.

Sur quoi il s’est soigneusement mouillé la nuque avant de rejoindre les petits par un plongeon impeccable.

- Non ! m’a dit Val. Pas question de se mettre nus avant d’avoir réglé le problème avec ton ex.


Elle a donc gardé son paréo et moi, par solidarité, je me suis également abstenu de me baigner malgré mon envie en attendant l’appel de Marie-Odile.


Heureusement elle n’a pas trop tardé. Évidemment, quand je lui ai expliqué la situation elle m’a copieusement eng…uirlandé mais quoi ! Elle non plus n’avait pas envie de gâcher ses vacances et c’est bien, au fond, ce que j’avais escompté. Elle a seulement voulu parler à Enzo, qui a pris le téléphone au bord de la piscine après s’être soigneusement essuyé les mains et que j’ai entendu lui répondre avec son habituel ton posé et raisonnable :


- Non Maman. Pour l’instant il n’y a que Benoît et Vanessa qui sont tout nus et moi j’ai mon bermuda, il n’y a pas de problème. Mais je ne voudrais pas gâcher leurs vacances à Papa et Valérie. S’ils ont envie de se baigner tout nus, je vais bien m’y habituer ! Déjà les petits je n’y fais même plus attention ! ……… C’est ça, on est d’accord, chacun fait comme il veut. Je t’embrasse, Maman. T’en fais pas, passe de bonnes vacances et t’inquiète pas pour moi. Tu veux que je te repasse Papa ?

Il m’a rendu le téléphone en me disant :

- Elle a dit « pas la peine ». Allez, vous avez le feu vert !

Je lui ai fait une énorme bise avant de le laisser replonger sans plus s’occuper de nous.

- Dis donc ! On est quand même pas si petits que ça, t’as quoi ? deux ans de plus que moi ! a protesté Benoît.

- Je sais mon grand ! a répondu Enzo. « Les petits », c’était pour Maman, elle sait pas votre âge !


Quand nous nous sommes déshabillés pour rejoindre les enfants dans la piscine, j’ai bien vu qu’il évitait de nous regarder, mais c’était sans ostentation. Une fois dans l’eau, nos sexes étaient dans le flou et il s’est seulement abstenu de plonger, comme le faisaient Vanessa et Benoît jusqu’à ce que nous sortions.

Après s’être séchée,Valérie a remis son paréo en me disant :

- Tu devrais te mettre quelque chose aussi. Laisse-lui le temps de s’habituer … progressivement.


Et tout s’est très bien passé pour la fin de cette journée. Les enfants ne quittaient guère la piscine et nous les y rejoignions de temps à autre nus, mais Valérie portait un paréo et moi un short le reste du temps. Pour le dîner, Enzo m’a demandé de lui apporter un bermuda sec, il s’est changé sous sa serviette et a étendu celui qu’il venait de retirer sur le séchoir. Après le repas, Vanessa a eu envie de retourner à l’eau. Son frère, qui, comme elle était resté nu car la soirée était caniculaire, l’y a suivie aussitôt. Enzo, un peu décontenancé, a hésité un moment. Puis il est allé au séchoir et a troqué son bermuda sec contre celui, encore humide, qu’il y avait étendu. Tournant le dos à tout le monde, il a fait très vite mais n’a pas eu recours à la serviette et il a procédé exactement de même quand, un peu plus tard, il a dû faire l’échange inverse.


Le lendemain rien de vraiment nouveau ne s’est produit. Mais désormais tout à fait habitué à la nudité des « petits », Enzo ne s’était pas étonné de les voir se coucher dans cette même tenue. Quant à Valérie et moi, nous prolongions les baignades par quelques bains de soleil et il ne semblait pas y prêter la moindre attention. Il ne se retenait désormais pas davantage de plonger quand nous étions dans la piscine. Comme la veille au soir, quand il avait à se changer il veillait encore à ne montrer que son dos mais ne se cachait plus sous une serviette.


Au second matin je me suis réveillé très tôt. Je me suis levé et après avoir pris quelque temps plaisir à regarder Valérie encore profondément endormie, si belle sur la blancheur du drap, j’ai glissé entre les lames de la persienne un regard sur le jardin. Et là, surprise. Enzo y était.


Il s’avançait vers la piscine en regardant autour de lui. Arrivé au bord, après un nouveau regard circulaire il a fait glisser son bermuda. Il est resté quelques secondes debout, le bermuda sur les pieds, comme étonné d’être tout nu. Avec des gestes timides, précautionneux, comme s’il craignait même pour cela de faire du bruit, il s’est écarté pour le ramasser, le plier et le reposer à côté de lui. Puis il s’est mis à marcher le long de la margelle, il est allé chercher une serviette et il a fait un tour complet de la piscine, visiblement de plus en plus à l’aise dans sa nudité, avant de s’y glisser, toujours attentif à ne pas faire de bruit.


Je prenais plaisir à le regarder nager voluptueusement, heureux de le voir s’apprivoiser à sa propre nudité quand Benoît est arrivé à son tour dans le jardin.

- Ah tu es là ! a-t-il dit à mi-voix quand il a aperçu Enzo. Mais …

- J’ai eu envie d’essayer ! a coupé Enzo sans élever la voix. Chut !

- Alors, c’est pas bien ? a demandé Benoît en se glissant à son tour dans l’eau.

- Si, mais …

Ils ont nagé un moment tous les deux sans rien dire. Puis Enzo est ressorti, a ramassé sa serviette, s’est essuyé posément sans chercher à se cacher et a remis son bermuda en disant à nouveau :

- Si, mais …

- Tu sais, a dit Benoît en le rejoignant, ton zizi, on s’en fout, t’as juste qu’à pas y penser !

Enzo n’a pas répondu : Vanessa les rejoignait.

- Vous sortez déjà ! a-t-elle dit sans prendre garde au fait que le bermuda d’Enzo était sec. Vous auriez pu m’attendre !

- Attends, on y retourne a répondu Enzo en la poussant dans l’eau et en y sautant à sa suite.

Cette fois ils ne craignaient plus de faire du bruit et Valérie s’est réveillée…


Pendant le petit déjeuner, que nous prenions tous ensemble sur la terrasse, autour de la table ronde, Benoît a dit :

- Tout à l’heure Enzo s’est baigné tout nu avec moi.

- C’est bien ! a dit, en feignant la surprise, Valérie à qui j’avais tout raconté. Alors, tu as aimé ?

Mais Vanessa protestait :

- Ben ! Pourquoi pas avec moi, alors !

Enzo avait rougi.

- J’ai voulu essayer tout seul pendant que tout le monde dormait, je pensais pas que Benoît viendrait et … bon, avec lui ça va encore, c’est un garçon et … Sinon, honnêtement je peux pas dire le contraire, j’ai plutôt aimé.

- Tu fais comme tu veux, Enzo, a dit Valérie. Comme tu le sens. Enfin … Si ta mère est d’accord. Tu n’as pas d’explications à nous donner.

Enzo lui a adressé un large sourire.

- T’es cool, Val. Maman, elle a dit d’accord pour que chacun fasse comme il veut, alors …

Et il s’est levé pour aller lui faire un gros bisou.


Pendant la matinée tout s’est passé comme d’ordinaire. Mais quand Enzo est allé se changer pour venir déjeuner avec un bermuda sec, au moment de l’enfiler il s’est brusquement arrêté, a couru vers la piscine et y a plongé tout nu.

- Ouah ! Bravo ! ont crié en chœur Vanessa et Bruno et ils ont couru l’y rejoindre.

- Les enfants, j’ai dit « à table » a protesté Valérie, pour la forme en me souriant.

- On arrive !

Enzo a tout de même remis son bermuda sec pour le repas. Mais pour se baigner l’après-midi il l’a ôté … définitivement.


À notre tour Valérie et moi avons réduit, progressivement mais finalement assez vite, les périodes où nous portions un vêtement et il n’y a plus eu de problème.


Nous nous inquiétions pourtant un peu de ce qui se passerait avec l’arrivée de Noémie et, en effet, pour l’accueillir au portail quand Valérie l’a ramenée de la gare, Enzo avait remis un bermuda. Mais, habituée à être nue devant des naturistes de tous âges, Noémie n’a pas semblé le remarquer et, sitôt arrivée au bord de la piscine, elle s’est déshabillée sans hésitation pour y plonger. En fait Valérie m’a expliqué plus tard que, pendant le trajet, elle avait raconté à sa grande fille le problème résolu et la petite inquiétude revenue avec elle. Enzo l’a regardée faire, fasciné et indécis. Elle lui a crié :

- Alors ? Tu viens pas ?

- Si ! Excuse-moi, je rêvais ! Je … Je suis tellement heureux que tu sois là !

Il a ôté son bermuda, il a plongé et toutes choses ont repris leur cours normal.

Sauf que Noémie, la coquine, avait bien remarqué qu’Enzo était éperdument amoureux d’elle et que, non sans partager pourtant quelque chose de ses sentiments, elle s’amusait un peu à en jouer. Leur manège nous attendrissait, Val et moi. Nous nous disions qu’ils n’oublieraient jamais ces vacances.


Pour la dernière semaine, les parents nous ont rejoints. Qu’en dire ? Un charmant vieux ménage de naturistes et entre eux, Val et ses enfants un festin d’amour qu’Enzo et moi avions le bonheur d’être invités à partager.

Nous ne nous en sommes pas fait faute.

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