La suite, forcément, ça va être faire connaissance avec le fils de Patrick. Là, ça se complique parce que je ne voudrais pas rater ça mais, depuis la Fête des Mères, quand il est avec son père moi je suis avec le mien. Et pour la Fête des Pères il faudra que ce soit encore comme ça. Mais ça doit pouvoir s’arranger : Patrick dit que son ex est sympa et que pour son fils, comme elle l’a toute la semaine elle n’est pas à un dimanche près.
Il a passé la soirée à la maison, hier. Maman l’avait invité à dîner et elle avait préparé une soupe au pistou comme la fait Mamie Josiane. Benoît n’aime pas trop, Vanessa et moi moyen, mais lui il a dit qu’il adorait. Nous avons un peu bavardé tous les cinq en dînant mais juste un peu : presque tout de suite après, les poussins sont allés prendre leur douche avant de se coucher. Comme d’habitude ils sont ressortis de la salle de bain tout nus pour venir nous dire bonsoir : moi je me couche un peu plus tard pour revoir mes leçons. Patrick était un peu surpris et Maman lui a expliqué que comme ils ne mettent pas de pyjama, ils ne vont pas se rhabiller juste pour dire bonsoir. Patrick a dit qu’il trouve ça très bien mais que lui, à leur âge, il en mettait un et qu’il n’imagine pas son fils venant dire bonsoir tout nu. C’est pour ça qu’il était surpris. Moi, d’habitude, rien qu’avec Maminou, je fais comme eux. Mais là, on a beau avoir passé une journée ensemble à Héliomonde, je ne me vois pas non plus me balader toute nue dans l’appart quand il est là tout habillé. Peut-être qu’à l’âge des poussins je l’aurais fait. Est-ce que je commence à être pudique ? J’ai mis un peignoir de bain pour dire bonsoir. Maman et lui étaient encore au salon. Je ne sais pas quand il est parti. Mais comme elle m’a dit l’autre soir, ça, c’est sa vie privée.
***
Ce dimanche je suis avec Papa. Je l’aime, et je suis heureuse qu’il ne me laisse pas tomber comme Daniel a laissé tomber les poussins, mais il faut bien avouer que juste lui et moi souvent on ne sait pas trop quoi faire ensemble. Quand je suis là, ce n’est pas sa vie normale et ce n’est pas la mienne non plus.
Maman retourne à Héliomonde avec les poussins et Patrick et j’aurais bien aimé y aller avec eux. Papa m’a proposé de m’emmener à la plage à Deauville mais je n’ai pas envie de revenir avec des marques de maillot. C’est drôle, l’année dernière je m’en fichais complètement et maintenant ça m’ennuierait. L’autre jour à Héliomonde il y avait des filles qui en avaient, je trouve ça nul. Pourtant je sais que c’est normal, puisqu’on n’a pas le droit d’être nus sur les plages ordinaires. Mais je n’en ai pas envie. Il va m’emmener à Giverny, voir le jardin de Claude Monnet.
J’ai emporté mon ordi pour écrire un peu mon journal dans ma chambre avant de dormir. Papa le sait et il trouve que c’est une bonne idée. Il m’a dit que si je n’écris pas tous les jours avec la date ça s’appelle plutôt un bloc-notes.
***
C’est décidé. Dimanche prochain Patrick nous amène Enzo. Il a dit qu’il ne veut pas nous en parler d’avance parce qu’il préfère que nous nous fassions notre idée nous-mêmes. Il nous a quand même redit que sa maman l’a habitué à être très pudique. Donc ce sera à la maison, pas à Héliomonde : on ne va pas le traumatiser d’entrée ! Parce que si on ne s’entend pas ça va poser des problèmes à Maman et Patrick, et ce serait dommage. En même temps, ça ne servirait à rien de tricher. Les poussins, pas de problème : tricher, ce n’est pas leur genre, c’est trop compliqué. Il faut juste qu’il se rappellent de ne pas se balader tout nus et de ne pas en parler. Pour l’instant.
Et moi ? Je ne vais pas lui faire du charme. Il faudra être naturelle. Mais Maman dit que c’est ça le charme … Et est-ce qu’on peut être naturelle quand on se pose des questions ? Il vaudrait mieux que j’arrête d’y penser. Je m’habillerai comme d’habitude. À moins que … S’il fait chaud je pourrais mettre la robe longue en crépon bleu que Papa m’a achetée. C’est seulement une robe d’été et il paraît qu’elle me va bien. Allez, fais pas la modeste : « il paraît » ? Tu le sais bien qu’elle te va bien, qu’elle fait ressortir tes yeux et que c’est quand tu l’as essayée que Papa s’est aperçu que tu avais des seins. Petits mais quand même. Tu veux lui en mettre plein la vue à Enzo ? Non, mais … se sentir jolie, ça aide à être à l’aise quand même. Je vais demander à Maman ce qu’elle en pense.
***
C’est demain. Comme il fait déjà chaud pour la saison c’est décidé : je mets la robe bleue. Maman m’a dit : « Mets la si tu veux, mais si c’est la première fois tu ne vas pas être à ton aise, tu y penseras trop ! » Donc je l’ai mise toute la journée aujourd’hui pour m’habituer. Vanessa dit que je frime. Mais Maman dit qu’elle me va bien parce que je suis assez grande pour mon âge (1 mètre 6o) et que c’est normal que j’aie envie de la mettre parce que c’est simplement une robe de plage. Elle dit qu’elle aime bien en porter des comme ça en été parce que, comme elles sont longues et amples, on n’est pas obligé de mettre quelque chose en dessous et que c’est bien agréable quand il fait chaud. En tout cas c’est vrai qu’au début ça me faisait un peu drôle de la sentir sur mes jambes quand je marche, mais je m’y suis vite habituée.
Vanessa en a une qui ressemble un peu, mais courte. Du coup elle veut la mettre aussi. Mais Maman lui a dit en riant : « Mais toi, il ne faudra pas oublier la culotte ! » Elle a répondu : « N’importe quoi ! Parce que ça m’arrive d’oublier ? » Et Maman lui a dit : « Ça t’est arrivé ! Mais il faut dire que tu n’avais que trois ans ! »
***
Bilan de la journée de dimanche : Enzo est top craquant et je ne crois pas qu’il risque de faire des problèmes à Patrick et Maminou.
D’abord la surprise, quand il est arrivé, c’est qu’il ressemble trop à Harry Potter. Enfin … Dans le premier film, parce qu’il n’a que onze ans. Il est arrivé l’air un peu intimidé. Maman lui a demandé la permission de l’embrasser, il a dit oui et il lui a rendu sa bise. Du coup ça a continué : Vanessa qui s’est mise sur la pointe de ses pieds nus pour lui claquer un gros bisou sur chaque joue, Benoît style copain. Moi, j’arrivais derrière et … la robe bleue a fait son effet : quand il m’a vue il a accusé le coup. Alors je lui ai fait un grand sourire, j’ai dit : « Bonjour Enzo », il a balbutié : « Bonjour euh Noémie » et je me suis un peu penchée pour lui faire une bise qu’il m’a rendue timidement.
Je relis. Non mais tu n’as pas fini de frimer ? Bon tu comptais bien l’impressionner et c’est gagné. Pas dur avec un garçon de onze ans du genre bien élevé. Heureusement que ça n’a pas été comme ça toute la journée.
D’abord grâce aux poussins, qui l’ont annexé tout de suite pour lui montrer notre chambre et leurs jouets. Et là j’ai vu qu’il était à l’aise, gentil avec les petits sans se forcer. Puis il a vu mes livres sur l’étagère bibliothèque et il m’a demandé si c’était moi qui lisais ça. Bien sûr il y avait Harry Potter et Vanessa ne s’est pas retenue de dire : « Qu’est-ce que tu lui ressembles ! C’est pas possible ! » Et ça l’a fait rougir. Il a dit :
- C’est pas exprès, j’avais déjà la coupe de cheveux et des lunettes. Mais c’est vrai que quand j’ai été obligé d’en changer j’ai pris les mêmes que lui. C’est un peu bête, non ?
La question, c’était pour moi. J’ai dit que je ne trouvais pas. C’est vrai : je trouve ça normal de vouloir ressembler aux personnages qu’on aime. Et à partir de là on a pas mal bavardé ensemble, au sujet de nos lectures. Et je trouve qu’il est bien plus intelligent que les autres garçons que je connais. Dès qu’il parle d’un sujet qui l’intéresse il cesse d’être timide et on oublie qu’il n’a que onze ans.
Les poussins ont vite compris qu’on avait envie de parler. Ils ont continué à jouer dans la chambre mais sans trop faire de chahut. J’étais assise sur mon lit et Enzo sur ma chaise de bureau. Il a dit :
- Alors c’est votre chambre à tous les trois ? Et vous ne vous gênez pas ?
- Ben non ! On se marre bien ! a dit Benoît.
J’ai quand même rectifié :
- On a l’habitude ! Et puis on n’a pas le choix, ou alors il faudrait déménager. Sinon, c’est vrai que, depuis que je suis en Sixième, quelquefois j’aimerais mieux être un peu seule pour travailler, mais bon ! Il y a bien le bureau de Maman mais … Elle aussi elle a besoin d’être seule pour travailler, déjà qu’elle n’a pas beaucoup de place ! Tu sais, on s’adore tous les trois. Ils me manquent, ces abrutis, quand je vais chez mon père !
- Abrutie toi-même, grande sauterelle ! a protesté Vanessa en riant.
J’ai dit :
- Pourquoi sauterelle ? C’est pas moi qui n’arrête pas de sauter !
- C’est vrai ça, elle m’a répondu. Tu bouges plus comme avant. Avant, c’est toi qui m’avais appris à faire l’arbre droit.
Et la voilà qui montre comme elle sait bien le faire. Évidemment sa robe retombe en cloche, découvrant les jambes, la petite culotte blanche et le ventre nu jusqu’aux aisselles. Enzo a l’air surpris, je crois même qu’il rougit un peu. Benoît rigole :
- Heureusement que t’as pas oublié ta culotte !
Vanessa se relève, toute rouge, mais c’est parce qu’elle avait la tête en bas :
- Ben quoi ? Il en a pas vu, Enzo, des filles en culotte, à la plage ?
- En maillot, oui, rectifie Enzo. Mais t’en fais pas pour moi : tu fais super bien l’arbre droit, moi je n’y arrive pas.
- Il faudra demander à Noémie de t’apprendre !
- C’est ça ! dis-je. Mais pas aujourd’hui : je ne suis vraiment pas habillée pour !
- C’est clair ! approuve Enzo. Mais elle te va drôlement bien, ta robe !
Il me regarde d’une façon ! Ça fait comme une caresse. Maman m’a regardée un peu comme ça, hier, quand elle m’a vue avec cette robe. Mais pas vraiment pareil. Ce n’est pas désagréable mais quand même je me sens un peu rougir. Et je me dépêche de parler d’autre chose.
Bref, il faut dire les choses comme elles sont, ce garçon est tombé raide amoureux de moi. Et moi ? Il me plaît bien. Vraiment. Je le trouve attendrissant, mais pas ridicule du tout. Mais quand même il a un an de moins que moi et en plus que les garçons sont en retard sur les filles … Physiquement en tout cas : ça se voit qu’il n’a que onze ans. Par contre quand on parle …
De toutes façons, à notre âge … Je sais bien qu’il y a des copines qui sortent avec des garçons mais c’est pour frimer. Moi, en tout cas, je n’ai pas envie de me faire tripoter ni de tester comment ça fait de s’embrasser avec la langue. Et Enzo, timide comme il est, ce n’est pas lui qui va vouloir essayer avec moi si je n’en ai pas envie.
Ce qui est sûr c’est que tant que son père et ma mère seront amoureux, on se reverra. Et qu’eux deux, ils ont l’air bien partis.
***
Ça se précise pour les vacances. Juillet, c’est pour Papa, donc pour commencer chez Mamie Brigitte. Mais cette année Papa m’a dit qu’il m’emmène faire un voyage en Italie. Ensuite je rejoins Maman et les poussins chez ses parents.
Elle leur a demandé, et à nous aussi, si elle pouvait y inviter Patrick. Tout le monde est d’accord : Patrick est adopté par acclamations. Lui, il ne demande pas mieux paraît-il, mais il ne s’est pas encore mis d’accord avec son ex pour les vacances d’Enzo. Ce serait cool qu’il vienne aussi mais là, il va falloir le lui dire qu’on est naturistes. Je me demande comment il va réagir. Maman nous défend de lui en parler quand on le reverra : elle a dit que c’est à son père de le faire. De toutes façons, la prochaine fois qu’il viendra chez nous, moi je serai chez Papa, puisque ce sera le week-end de la Fête des Pères et que dimanche prochain il est avec sa mère.
***
Patrick nous a fait une surprise géniale vendredi soir : il avait loué un mobil home à Héliomonde pour tout le week-end ! C’est super bien conçu : une chambre pour les parents, une à deux lits pour les enfants et une banquette dans la pièce à tout faire. Pour une fois c’est Benoît qui a voulu y dormir seul. Mais c’était pour une fois parce que d’habitude, pas question de séparer les poussins.
Il a fait beau et chaud presque tout le temps : juste une averse dans la nuit de samedi. Et ça, c’est génial : moi qui n’avais pas envie d’avoir des marques de maillot cette année, j’ai pu me faire une bonne couche de bronzage. Comme ça, si je suis obligée de me mettre un peu au soleil chez Mamie Brigitte la différence ne se verra pas trop. L’été dernier c’est la fin des vacances que j’ai passée chez elle, alors pour le bronzage, c’était déjà fait. En plus Julie était en colo, alors je n’étais pas souvent en maillot parce que me baigner toute seule … Mais là, le début, et avec elle ... Je n’avais pas envie de faire rigoler les poussins en arrivant après avec mes fesses blanches quand ils seront tout bruns. Et les seins en plus, parce que cette année, ça m’étonnerait que je puisse couper au soutif dans la piscine. Et si en plus Enzo est là ! Je trouve que quand tu es nue avec des marques de maillot, on est obligé de remarquer que tu l’as enlevé, alors que sans marques tu es simplement normale. ***
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